Ce n'est qu’à une santé fragile que René Mouton de Boisdeffre (!) doit d'avoir échappé à la tradition militaire de sa famille, après son père colonel et ses grands-pères généraux, et de s'être tourné vers la musique. Né à Vesoul en 1838, le jeune homme, initié à la musique par sa mère excellente pianiste et chanteuse, se rend à Paris en 1843 et, en contact avec Lalo, Saint-Saëns, Massenet, étudie avec Charles Wagner et Auguste Barbereau. Il étudie passionnément les œuvres de Gounod, mais aussi Beethoven, Bach, Mendelssohn, et se met à composer de la musique sacrée (Messe de Notre-Dame de Sion, O Salutaris, Ave Maria) mais aussi vocale et instrumentale. La musique de chambre, avec plus de 60 pièces, constitue la majorité de son œuvre. Plutôt traditionaliste, de Boisdeffre est avant tout un mélodiste. C'est ce que démontrent tous les morceaux enregistrés ici, au caractère très vocal, à l'exception de la sonate pour clarinette et piano, plus ambitieuse. Originellement écrite pour le violon et dédiée à Delphin Alard (célèbre violoniste, auteur de duos pour violons très virtuoses), elle est publiée également dans une version pour clarinette, qui a été reconstituée pour cet enregistrement, l'édition d'origine s'étant perdue. Boisdeffre sera coutumier du fait de proposer plusieurs instrumentations pour ses œuvres, mettant en vedette notamment l'alto, peu utilisé à cette époque. Cette musique lumineuse et limpide a gardé tout son charme mélodieux dans la belle interprétation proposée ici par des interprètes polonais très impliqués. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) René de Boisdeffre is a neglected composer from the second half of the 19th century, even if during his lifetime he enjoyed considerable success. The composer studied music regularly but not at a school. After learning the fundamentals of music in a family setting, René became the student of Charles Wagner. Succeeded by Wagner was Auguste Barbereau, who was restrained by his conservative stance but an excellent musical theorist. After a meeting with Saint-Saëns in 1862, Boisdeffre abandoned his second teacher and began an independent career. Even if his music owes much to a familiarity and understanding of the classics, it would be inaccurate and hasty to call his music conservative, with all the negative connotations the term inevitably brings with it. Such facile and hasty judgements are disputable; unjustified because in reality Boisdeffre, is a mature, coherent product of his milieu. Boisdeffre chose a path that passes not from experimentalism, but from expressive clarity. His melodic vein, never banal, is characterized by a great transparency, and declares an undeniable inclination to communicative clarity. It is a music made of cleanliness and order, but not for this ‘easy’: the expressive substance is always urgent and present but distilled in formal paths, clear, reassured. The economy of the adopted means therefore seems to be an elective choice, not the indication of a lack of resources, and allows the composer to turn to his listener with grace, in a gathering, interlocutory, lovable dimension.
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