Franz Liszt (1811-1886)
Faust-Symphonie, S 108
Méphisto-Valse n° 3 (arr. pour orchestre d'A. Reisenauer et K. Karabits)

Airam Hernandez, ténor
Staatskapelle Weimar
Kirill Karabits, direction

Kirill Karabits poursuit son cycle Liszt chez Liszt, à Weimar. L’orchestre a beau être modeste (et se confronter à une discographie abondante, plus encore ici que pour la Dante) le geste aiguisé du chef ukrainien, fait merveille, Méphisto en feu follet, fascinant par le souffre, la fausse emphase, Gretchen éthérée, mais surtout les interrogations et le pacte de Faust, comme montré par la musique, tant cette baguette sait dessiner les caractères. Le Chorus mysticus pourra venir, murmuré puis proclamé par un chœur immense, quel saisissement, jusque dans le timbre si latin d’un très beau ténor, l’apothéose se doublant d’une nuance mystique. Une rareté pour finir, la Troisième Méphisto Valse dans l’arrangement de Reisenauer auquel le chef a apporté quelques touches supplémentaires. Un autre visage du Diable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Une tribune radiophonique avait établi récemment un palmarès de la Faust-Symphonie de Franz Liszt dont la version tourmentée de Léonard Bernstein (Sony) était arrivée en tête, surclassant ses concurrentes : Sinopoli, Muti, Ansermet et Fischer. Le nouvel enregistrement de Kirill Karabits avec la Staatskapelle de Weimar chez Audite est-il de nature à bouleverser la hiérarchie discographique ? L’affaire semble mal engagée car le premier tableau manque cruellement de puissance et de romantisme. Un comble pour un récit qui exalte les douleurs du héros (Faust) en prise avec les forces obscures. Les cordes de la phalange de Weimar sont aux abonnées absentes. Dès les premières mesures, elles restent comme éteintes, indifférentes à la tragédie de Goethe. Le deuxième tableau « Gretchen » est de bien meilleure tenue. Plus lisible, le thème mélodique de Marguerite est porté par un magnifique quatuor de flûtes et de clarinettes, avant de s’évanouir dans un dolce amoroso tout en délicatesse. Dans le dernier tableau « Mephistophélès », les insuffisances identifiées lors du premier mouvement se confirment du fait d’une interprétation brouillonne et prosaïque. Ceci est d’autant plus regrettable que le passage chanté qui clôt cette nouvelle version est d’une beauté inégalée, grâce à l’excellent ténor Airam Hernandez, soutenu par un chœur masculin exceptionnel. Ce programme hongrois est complété d’une curiosité : un arrangement de la Méphisto Valse…qui ne risque pas de faire de l’ombre à la création originale. (Jacques Potard)

In Liszt’s Faust Symphony psychology enters music. It displays the power of sound, of tone painting, to evoke a fantastical, epic and psychological world. With his subtle and analytical interpretation of Goethe’s Faust, Liszt creates psychological tableaux, recorded by the Staatskapelle Weimar under the baton of Kirill Karabits.