 Gerardus Hubertus Galenus von Brucken Fock (1859-1935) est un compositeur néerlandais dont la vie fut perpétuellement tiraillée entre trois postulations : la musique, la peinture et une foi d’évangéliste. Ayant reçu son éducation musicale de Richard Hol à Utrecht, puis de Friedrich Kiel et Waldemar Bargiel — beau-frère de Clara Schumann — à Berlin, il commença à édifier discrètement une œuvre considérable pour l’orchestre — trois symphonies, de nombreuses pièces symphoniques, un concerto pour piano— ainsi que pour des ensembles de chambre, pour chœurs, et surtout pour piano, lui-même étant un brillant pianiste. Apprécié de Julius Röntgen (1855-1932), qui présenta à Grieg ses Préludes op. 15, Fock fut gratifié par ce dernier de l’épithète de « Chopin néerlandais ». Inspiré par les théories philosophiques et esthétiques d’Ibsen (1828-1906) et de Tolstoï (1828-1910), il s’enrôla de 1892 à 1895 dans l’Armée du Salut et évangélisa en France, en Suisse, avant de renouer avec les aquarelles puis la musique. Les 24 Préludes op. 15 datent d’un bref séjour à Walcheren en 1900-1901 et ne constituent qu’une fraction de l’ensemble de sa production dans ce genre. Eric Matser découvrit effectivement tout au long de la vie du compositeur 152 pièces relevant de ce genre, dont Frank van de Laar et quelques-uns de ses élèves interprétèrent des extraits en 2017. L’enregistrement soigné de Frans Douwe Slot (1983-) offre l’occasion de découvrir des pièces, certes intéressantes, mais qui, curieusement, ne donnent pas entièrement raison à l’épithète de Grieg. En effet, ces musiques, bien plus que Chopin — hormis l’intitulé et la composition du cycle — donnent plutôt à entendre des réminiscences du dernier Brahms (op. 118), de Bruckner (Erinnerung WAB 117), voire de Scriabine, parfois même de certaines des premières Barcarolles (1885-1896) de Fauré… C’est donc un ensemble d’inspirations mixtes que présentent ces 24 Préludes, interprétés avec goût par un pianiste qui semblerait vouloir entreprendre désormais une exploration plus large du catalogue de Fock. Ce qui nous permettrait certainement de mieux saisir les spécificités de son style de compositeur, encore ici quelque peu dans les limbes. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) In 1901, Edvard Grieg encountered many ‘Chopinesque’ elements in the latest work of the Zeeland-born (i.e., Dutch) composer and painter Gerard von Brucken Fock. The 24 preludes from opus 15 were played to him in Norway by Julius Röntgen, a respected (half) Dutch pianist and composer. From that moment onward, Grieg spoke – in jest, according to Von Brucken Fock – of ‘the Dutch Chopin’. Gerard von Brucken Fock was born as Gerard Fock on a country residence named ‘Ter Hooge’, near Middelburg. He was the fourth son of a wealthy ‘president’ of the island of Walcheren. One of Gerard’s brothers, the amateur composer Emile, can incidentally be proclaimed as ‘the Dutch Wagner’ on account of his opera Seleneia (1894). ‘Von Brucken’ has been added to the original family name based on a fictitious lineage. Gerard studied with Richard Hol in Utrecht and with Friedrich Kiel and Waldemar Bargiel – stepbrother of Clara Schumann – in Berlin. Until his marriage with Dame Marie Pompe van Meerdervoort, and partly after the marriage, Gerard was uncomfortable within himself. He had great ambitions in his music-making but was inhibited by depressions and doubt. Von Brucken Fock regarded his 24 Praeludien opus 15 as most representative for his work, which means for his style, his ideas, and his skills around 1900. This also meant that he was ready to bring it out in the open, which wasn’t always so easy for a man who was highly sensitive to criticism and who turned away from the world. Julius Röntgen asked his friend Edvard Grieg to write a preface for the 24 Praeludien by Von Brucken Fock. “An introduction by me?”, Grieg answered, “Surely, his music doesn’t need that”. Therefore, I hereby apologise for this introduction of the most representative work of Gerard van Brucken Fock. In 2022, there was a most remarkable synergy: in an old stack of sheet music, pianist Frans Douwe Slot found a copy from the 1960s’ of 24 Praeludien opus 15. Slot was immediately convinced of its quality and instantly made plans to record Von Brucken Fock’s complete oeuvre for piano, along with his sonatas for other solo instruments accompanied by piano.
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