 Peu à peu, l’œuvre de Dora Pejacevic sort de l’ombre. Ses merveilles pianistiques où d’une main habile elle fait sienne les illuminations de Grieg, les subtilités de Mendelssohn, formant un langage qui flirte par instant avec celui de Debussy, se cherchait un interprète d’élection, elle l’a enfin trouvé. Ekaterina Litvintseva dont je vous ai déjà vanté ici les beaux Rachmaninoff, transfigure de son pianisme vertigineux, aussi bien les pièces de pur charme (La Vie des Fleurs est, incroyable de poésie, la pianiste y met un art suggestif soufflant), que les mystères des deux Nocturnes beaux comme des Whistler. La fantaisie sarcastique, persiffleuse (ces glissandi qui griffent le clavier et font écho au Feux d’artifice de Debussy) du Capriccio, pouvait-elle augurer du chef d’œuvre qu’est la Deuxième Sonate, où soudain une veine plus sombre affleure, avant qu’un final emporté ne laisse apparaitre l’ombre de Scriabine ? Ekaterina Litvintseva en donne une lecture fulgurante. Pour beaucoup, la qualité de ces musiques révélera un compositeur inspiré, enfin sauvé de l’oubli. Et maintenant, je vais me tourner vers ses mélodies. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  De la compositrice hongroise et d’origine croate Dora Pejacevic disparue en 1937, on connaît, au disque, une Fantaisie concertante pour piano et orchestre ainsi qu’une Symphonie en fa dièse mineur. Dans cette écriture subtile et bien plus que charmante, on croise Chopin, Schumann, Grieg et Szymanowski. Ekaterina Litvintseva restitue avec beaucoup d’intelligence et de musicalité, les atmosphères de ces miniatures. Elle souligne la sève mélodique des premières Pièces de fantaisie de 1903. La Vie des fleurs est un cycle plus schumanien, la signification de chaque fleur étant prétexte à varier les émotions. Les Valses Caprices de 1906 sont d’une clarté délicate. Ces morceaux de salon rompent bien souvent leur ambiance feutrée pour devenir de véritables confessions. Il y a là de petits trésors sur le plan mélodique et harmonique, des partitions qui mériteraient de devenir des "bis" après des récitals consacrés aux grandes pages romantiques. Les deux Esquisses ainsi que le Capriccio furent composés après la Première Guerre mondiale. Les harmonies sont bien différentes. Les dissonances plus marquées, les chocs rythmiques accentués avec une exception, toutefois, les deux superbes Nocturnes aux teintes fauréennes. C’est une période d’expérimentation, moins slave que française. En effet, Dora Pejacevic avait pris connaissance de l’écriture française et l’influence de Ravel est légèrement perceptible dans le Capriccio. La seconde des deux sonates pour piano referme l’album. D’un seul tenant, elle fait songer au Scriabine de la Sonate n° 4, sans toutefois en posséder la violence expressive. La forme est impeccablement tenue et c’est surtout la ligne mélodique – la narration – qui est préservée sous les doigts d’une interprète particulièrement engagée dans cette musique si attachante. Une belle découverte. (Jean Dandrésy)  When the Siberian-born ‘Arctic Circle Pianist’ Ekaterina Litvintseva heard “Blumenleben” (‘Life of Flowers’) for the first time, she immediately resolved to find out more about the life and music of Dora Pejacevic (1885-1923). This resolution prompted her to investigate an extraordinary corpus of music, remarkable not least for its sheer diversity, which she has attempted to convey in this selection of Pejacevic’s piano output. Among 57 extant works, 24 are scored for solo piano; there would surely have been many more in both categories had she not died of kidney failure on 5 March 1923, aged 37, having suffered complications in giving birth to her first child. Pejacevic was born in Budapest in 1885 into the Croatian aristocracy. She grew up on the family estate of Našice (now in Slovenia) before taking her musical studies more seriously in Zagreb. Her early output shows how well she had mastered the Romantic idiom of character pieces by Mendelssohn, Schumann and Grieg, but her voice begins to emerge in the “Six Fantasiestücke Op.17” of 1903. From two years later, the “Blumenleben” bring the character of each chosen flower to life – the innocent snowdrop, the erotic rose, the mournful chrysanthemum – with a refined melodic imagination and rare economy of thought: her Mendelssohnian sympathies lead her only to use as many notes as are needed. Even more succinct (none longer than two minutes) are the nine “Waltz-Caprices Op.28” (1906), ranging in expression from the grace and charm of their heritage to a sideways and even grotesque view of the genre (such as the slower No.3, ‘in the tempo of a Ländler’). A more sardonic vein of expression emerges in the “Capriccio Op.47” (1919), which jumps about the keyboard with dazzling glissandi and diabolical shifts of mood which belong to their time no less than French keyboard innovators such as Debussy and Ravel. The album’s final piece is also the most substantial: the second of Pejacevic’s two piano sonatas, which became her penultimate work in any genre. The sonata’s expressive key signature is established from the outset by the marking of Allegro con fuoco, and the writing is cast on a much grander scale than anything else here, resembling a work in the German or Russian schools more than the French-tinged colours of the miniatures. This newly recorded recital marks Ekaterina Litvinseva’s debut on Piano Classics, and should attract the attention of pianophiles everywhere.

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