 Tandis que planait encore sur Berlin et Potsdam le génie tutélaire de Johann Sebastian la vie musicale ne cessait d’offrir au public berlinois de la classe moyenne supérieure quantité d’occasions de découvrir compositeurs, compositions et interprètes virtuoses également dignes de reconnaissance. L’intérêt du présent enregistrement est de mettre en lumière deux œuvres méconnues quoique importantes de Johann Gottlieb Graun (1703-1771), qui, en tant que violoniste fut même le maître de Wilhelm Friedemann Bach (1710-1784), ainsi que l’adaptation pour alto du troisième et dernier Concerto pour violoncelle (1753) de Carl Philipp (1714-1788), pour lequel Mathias Rochat respecte la tonalité d’origine, mais utilise un diapason un peu plus élevé que les interprétations à l’ancienne. L’ample Concertante en ut mineur pour violon et viole de gambe de Graun (1752), ici transcrite pour l’alto, ouvre une lignée classique qui s’épanouira dans la Symphonie concertante K 364 de Mozart (1779). Toujours de Graun, le Concerto pour alto et cordes en mi bémol majeur fait briller la virtuosité et la musicalité du soliste. Enfin le style caractéristique, pré-Sturm und Drang de Carl Philipp Emmanuel Bach, avec ses tensions et ses surprises, son caractère souvent dramatique, achève de nous rappeler combien est intéressant et souvent surprenant ce fils mutant du Cantor de Leipzig. Le jeune altiste franco-suisse Mathias Rochat, le violoniste Stephen Waarts qui bénéficia des conseils du grand Aaron Rosand (1927-2019), et la Camerata Schweiz sous la direction précise et enjouée de Howard Griffiths, confèrent à cet enregistrement une réjouissante vitalité, servie en outre par une prise de son de la plus haute qualité. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  For some time, writes viola virtuoso Mathis Rochat in the preface of this new release, he had been thinking to adapt Carl Philipp Emanuel Bach's Cello Concerto in B-flat Major for his own use. He calls it a "somewhat audacious transcription", but the range of the solo part is well-suited for the viola and can be performed on the instrument with great ease. Which had to be proven first! Indeed, the young Swiss artist lends the "higher-pitched" composition a power of momentum and elasticity from which the already supple, melodious music can only benefit. All the more, since it is a superb "overture" to both of the following works, which Johann Gottlieb Graun, eleven years Bach's senior, had intended for the viola. Sometimes flanked by its little sister, as in the quiet Sturm und Drang C Minor concerto, then alone in sole competition with the string orchestra, this under-appreciated instrument shows in the music of the Berlin Court a wealth of expression that need not hide behind its higher and lower rivals.

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