Programme français pour le violoncelle, et ne prenant pas chez Saint-Saens, Fauré ou Debussy des sonates, mais alignant des pièces brèves, mélodies transcrites ou œuvres originales, cherchant aussi quelques gemmes chez Ibert ou Ravel : la Piéce en forme de Habanera expose un écueil. La grande caisse jouée par Boris Pergamenschiikow semble un peu éteinte face au clavier si gorgé de timbres de Pavel Gilow. Ce sera d’ailleurs le pianiste que l’on entendra d’abord au long de ce disque précieux – les Ibert sont rarissimes – tant il caractérise chaque pièce : écoutez "Minstrel" de Debussy. Sommet de l’album, l’ensemble Fauré où l’archet du russe chante enfin, comme libéré, sans abandonner la poésie rêveuse, le sotto voce qu’il aura peut-être trop uniment adopté au long de ce récital décidément singulier, resté longtemps introuvable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Florilège de musique française pour le violoncelle et le piano, cet enregistrement ancien (1994) nous permet de retrouver le violoncelle sensible et élégant de Boris Pergamenschikov (1948-2004) accompagné du piano ductile de Pavel Gililov. On ne peut que se réjouir de cette reparution. Pris entre les notoriétés écrasantes de Daniil Shafran, Mstislav Rostropovitch, ou de Mischa Maisky, illustrant l’école russe de violoncelle, Pergamenschikov a été trop vite oublié bien qu’il ait collaboré avec des artistes de la qualité de Paul Badura-Skoda, Wolfgang Schneiderhan, et du très regretté Lars Vogt, dont — triste ironie — les fatales destinées furent identiques. Les dix-huit pièces rassemblées ici donnent l’occasion de prendre la mesure du passage d’un style fin de siècle au style moderne avec des pièces fort connues de Saint-Saëns (Le Cygne), des adaptations de Debussy (Golliwog’s cake-walk, Minstrels), Ravel, Fauré (Élégie, Après un rêve), rendues ici avec une sveltesse de ligne et une sûreté d’intonation admirables. Mais ce sont peut-être les quatre extraits du recueil "Histoire" composé initialement pour piano en 1922 par Jacques Ibert qui retiennent particulièrement l’attention et font l’intérêt tout particulier de ce disque. Prêtez l’oreille aux harmonies subtiles de "La meneuse de tortues d’or", à "La Cage de cristal", au "Vieux mendiant" et au "Petit âne blanc", et vous percevrez sans peine ce qui permettait à Henri Dutilleux, en 1945, de désigner Jacques Ibert comme le "chef incontesté de l’école française contemporaine". J’ajouterai qu’une prise de son d’une exceptionnelle qualité rend parfaitement justice à l’art des interprètes. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)
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