La grande caisse que joue d’un archet si ample Antonio Meneses à des intonations et des couleurs de voix humaine, effet idéal pour les deux Sonates où Brahms aura marié la méditation au chant, leur conférant derrière leur habillage de pastorale mélancolique, un ton prophétique, surtout dans la Sonate en mi mineur qui n’est pas si éloignée que cela de la lyrique ténébreuse des Quatre Chants sérieux. C’est bien ainsi qu’Antonio Meneses l’entend, disant beaucoup dans son chant, et continuant à dire dans les sept mélodies transcrites par David Geringas ou Norbert Salter : écoutez seulement Feldeinsamkeit. Merveille supplémentaire, le très émouvant Bösendorfer que touche Gérard Wyss, aigus de nacre, basses rondes et profondes, l’instrument contrechante naturellement avec l’archet, et fait un saisissant paysage de tempête pour l’’incipit de la Seconde Sonate, jouée appassionato, merveilleusement conduite. Album splendide qui s’ajoute à une discographie pléthorique mais ne devra pas vous manquer pour autant. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Chanter, voilà le maître mot de ce disque. Amoureux d’un Brahms rugueux, aux graves d’outre-tombe, passez votre chemin ! Meneses n’a pas été pour rien durant dix ans violoncelliste du Beaux-Arts Trio, et Gérard Wyss est un accompagnateur de lieder renommé… quant à Brahms, n’était-il pas dans sa jeunesse un violoncelliste accompli ? Le résultat est comme une évidence : la sonorité finement boisée de Meneses, la délicatesse de son archet se marient comme naturellement à ce piano attentif mais présent quand il faut. Tout cela paraît tellement facile… jamais de lutte entre l’esprit et la chair : les détracteurs du violoncelliste diront peut-être qu’il manque de personnalité, les autres se demanderont s’il n’y a pas quelque chose du vieil Arrau dans cette façon de rechercher un legato de chanteuse. Traitées ainsi les sonates ne sont peut-être pas assez nerveuses, mais ambrées à souhait, apaisées, jamais brutales. Quant aux lieder (arrangés par deux grands violoncellistes, Norbert Salter à la fin du 19ème siècle et David Geringas à notre époque), ils semblent avoir été écrits pour l’instrument. Bref Meneses et Wyss nous refont le coup de leur Mendelssohn (AVIE2140) et de leur Schumann (AVIE2112). Si l’on accepte le postulat d’un pur lyrisme, c’est superbe. (Olivier Eterradossi) This year, legendary cellist Antonio Meneses celebrates his 60th birthday and the 40th anniversary of winning first prize and the gold medal at the 1982 Tchaikovsky Competition. Shortly after that triumph Antonio made a renowned recording of Brahms’ Double Concerto with conductor Herbert von Karajan. He revisits the composer’s music on his 11th recording for AVIE and his first of Brahms’ two cello sonatas, generously paired with a selection of lieder arrangements. Antonio mines Brahms’ baritonal sound world, extracting the full expressive range of the cello. Similar qualities infuse a selection of seven Lieder in arrangements that sound so effective on the cello that one cannot help but wonder whether somewhere in the back of his mind Brahms had the sound of the instrument – he was, after all, an accomplished player in his youth, and it would remain central to his chamber music output throughout his life.
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