 L’ambition affichée par la collection "Wartime Music", chez Northern Flowers, est de rendre justice à des œuvres et des compositeurs russes injustement oubliés. C’est ici le cas avec Vladimir Cherbachov (1889-1952), sa 5e (et dernière) symphonie, "Russe", 1940, remaniée en 1950, et la suite tirée de son "operetta" de 1942. Passionné des mélodies traditionnelles, populaires ou autres, mais également promoteur en URSS, via l’Association de Musique Moderne, de musiciens comme Schoenberg, Berg, Bartok ou Hindemith, le compositeur occupe une place officielle dans la nomenclature musicale soviétique. C’est dire que sa marge d’originalité peut être paradoxalement réduite, comme le prouve son éviction du Conservatoire de Leningrad en 1948. De fait, si la 5e Symphonie comporte de fort belles pages, dans ses mouvements lents (1 et 3), les mouvements vifs accusent plus nettement leur âge et surtout un certain climat d’époque. La Suite, volontairement plus légère, insouciante, se distingue par son caractère allant et populaire. C’est donc bien un témoignage musicologique que constitue cette interprétation d’Alexander Titov et de son orchestre, mais Cherbachov, souvent associé à Miaskovski, pourtant plus prolixe et plus complexe, n’atteindra peut-être pas aussi facilement de nouveaux publics. (Alain Monnier)

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