Sa mère était une von Fricken (comme la première fiancée de Schumann!) ; son père ingénieur, un excellent pianiste ; et hydrogéologue de formation (aussi mécanicien et passionné photographe), il reçut l'illumination d'un récital d'Emil Gilels. Nous y verrons trois raisons pour une tardive carrière musicale (école dite de Léningrad). Toujours servi par les très sûrs, très stables Taneyev (ex quatuor de Leningrad, justement, n'ayant changé qu'une fois de violoncelliste, sauf erreur), voilà vraiment un compositeur indépendant, libre et finissant par échapper, lui, au pseudo chostakovisme (après une certaine influence aussi de Prokofiev). Les 4ème et 5ème quatuors, assez dodécaphoniques, restent personnels, expressifs, subtils dans un goût parfait, ceci dit pour ceux qu'effaroucherait d'avance pareille étiquette. Preuve d'un musicien authentique, sincère, que poussa hors de ses positions bureaucratiques officielles (et du conservatoire) une camarilla de jeunes petits branleurs apparatchicks carriéristes, qu'effarouchait son éloignement d'un conventionnalisme sagement, prudemment soviétique. Ainsi, le dernier quatuor nous semble-t-il prendre congé comme sur la pointe des pieds... Sans commentaire, révérence et rideau. Mais quelle époque flamboyante du quatuor russe encore trop méconnue, de Glazounov ou Taneïev jusqu'à Weinberg, Miaskovsky, Tischenko, Shebalin, Basner ou Tchaikovsky (Boris, pas l'autre) ! (Gilles-Daniel Percet)
|