 Plus de cinq heures de musique sont réunies – en première mondiale – pour nous faire découvrir l’œuvre de Vsevolod Zaderatsky. Pour avoir enseigné la musique à la famille du tsar, le musicien passa une partie de sa vie au goulag de Magadan, en Sibérie. Il fut interné à partir de 1926. Revenu à Moscou entre 1929 et 1934, il côtoya les artistes sans avoir l’autorisation de faire jouer ses œuvres. De retour d’internement, il utilisa le moindre papier à sa disposition et composa, entre 1937 et 1938, une série de 24 Préludes, probablement après avoir entendu ceux de Chostakovitch. Miraculeusement préservée, la partition fut créée en 2004. L’œuvre de Zaderatsky fut conçue dans l’urgence. La peur est perceptible, si prégnante dans les rythmes obsédants, clinquants et percussifs depuis les années vingt et jusqu’aux témoignages bouleversants de la guerre. Les hommages à Chopin et Schumann sont fugitifs comme les flashes d’un lointain souvenir. On assiste à une sorte d’enfermement sonore dans lequel le compositeur exprime des réminiscences de foi comme les lancinantes cloches moussorgskiennes, avec une agressivité à peine contenue dans laquelle jaillissent les ombres de Prokofiev, Chostakovitch et de Scriabine. L’écriture va à l’essentiel. Ce sont donc des danses esquissées, des chansons de fantômes, enfantines parfois, mais qui ne négligent pas une harmonie savante. Jascha Nemtsov traduit le martèlement du temps comme s’il prenait à son compte une part de la douleur, du silence et de l’angoisse fébrile de ces pages. C’est un peu de la vie du peuple russe confronté à l’horreur de cette époque. Une musique presque filmique, passionnante de bout en bout et qu’il ne reste plus qu’à entendre en concert… (Jean Dandrésy)  When some of Vsevolod Zaderatsky’s compositions were performed in a concert before the Academic Council of Moscow Conservatory in 2004, its members unanimously concurred that the works were written by one of the most significant Russian composers of his time. Reference was made to the “lost classics of the 20th century”. The twentieth century brought forth many examples of the suppression of works by certain composers and even of whole categories of music. The numerous composers labelled as “degenerate” in Nazi Germany are fine examples. Since the late 1980s there has been a revival of works by Jewish composers murdered in the Holocaust; such composers include Viktor Ullmann, Pavel Haas, Erwin Schulhoff, Józef Koffler and Gideon Klein. Only after the break-up of the Soviet Union were Russian avant-garde works of the 1910s and1920s by Arthur Lourié, Alexander Mosolov, Sergei Protopopov, Nikolai Roslavets, Leonid Polovinkin and Gavriil Popov rediscovered. Barely known until just a few years ago, the works of Mieczyslaw Weinberg have received much attention recently. It is also worth noting the discovery of the New Jewish School (comprising such composers as Alexander Krein, Mikhail Gnesin, Lazare Saminsky, Alexander Veprik, Joachim Stutschewsky and Juliusz Wolfsohn), the decline of which in the late 1930s was caused by Stalinism and Nazism in equal measure. A series of first-ever CD recordings of music by the New Jewish School has been released by Hänssler Classics in recent years.

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