Malle aux trésors, le Fitzwilliam Virginal Book et les recueils de pièces de clavier gravitant autour de celui-ci auront fasciné les clavecinistes, musiques d’un autre monde qu’il fait savoir réinventer. Mahan Esfahani y céda dès ses 19 ans, il forma son style ici autant que chez Bach ou Scarlatti et dès les tourbillons du « Barafostus Dreame » de Thomas Tomkins l’accord parfait entre ses doigts véloces et l’esprit de ces musiques saisit l’auditeur. Comme cela danse, déboutonné et brillant, et comme son splendide Robert Goble sait chanter dans « Can she excuse my wrongs » de Dowland. Il ne lui préféra le virginal que pour quatre pièces des dix-neuf de cet album dont la savoureuse « The Scottish gigg ». C’est tout un univers à la fois intime et festifs qui irradie de ce disque si vif nommé d’après la fameuse Pavane et Gaillarde de Byrd, et pourtant Esfahani dévoile la quintessence de son art non pas dans les pièces de danses qu’il enlève avec tant de vivacité, mais bien dans les trois grandes fantaisies qui ponctuent l’album. Celle sur l’ « Hexacorde » de William Byrd rayonne, forme parfaite. L’album ne peut plus se quitter tant le claveciniste saisit tout ici avec une vitalité entêtante, au point que je me demande si ce n’est son plus bel ouvrage. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Les pièces rassemblées ici proviennent de recueils anglais de musique pour virginal, clavecin, clavicorde, compilés à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe, et dont le plus célèbre et le plus volumineux est le Fitzwilliam Virginal Book. Ces recueils reflètent l’ensemble des genres en usage à l’époque de leur confection : airs populaires, chansons, morceaux contrapuntiques, variations, danses (notamment gaillardes et pavanes), préludes, pièces de genre aux titres plus ou moins descriptifs etc. Ces morceaux, de longueur diverse, illustrent plus particulièrement certaines techniques auxquelles l'écriture doit sa brillance et sa virtuosité (diminutions notamment). Mahan Asfahani signe une notice bien représentative de sa personnalité « d’électron libre » — et de musicien qui sait être génial – et y assume tout ce que peut avoir de subjectif l'interprétation d’une musique à laquelle il est viscéralement attaché. Le parcours est varié, animé, plein d’élan, de fougue, de vertige même dans les pièces rapides, mais aussi retenu, grave, voire majestueux, dans les danses lentes, ou les pièces les plus « abstraites » (plages 11 par exemple). Des réserves cependant, quant à l’utilisation du clavecin à 2 claviers, copie d’un instrument du XVIIIe — nettement plus tardif que le répertoire interprété i — sollicité dans 15 des 19 pièces, avec une registration souvent démesurée, trop colorée, qui tend à surligner, à donner une épaisseur et un lustre inutiles, les registres utilisés étant, en plus, extrêmement contrastés, ce qui donne çà et là l’impression curieuse d’entendre un instrument « schizé » en deux, avec un vide ou un trou entre ses deux « timbres ». (Bertrand Abraham)
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