Giovanni Benedetto Platti (1697-1763)
Concerto pour clavecin en sol, I 54
Concerto pour clavecin en do, I 48
Concerto pour clavecin en fa, I 52
Concerto pour clavecin en la, I 57
Concerto pour violon en la, I 18

Roberto Lorregian, clavecin
L'Arte dell'Arco
Federico Guglielmo, violon, direction

Un compositeur décoiffant, prodigieux qui vous déménage un concerto, et comment! Quel foisonnement, quel flux, quelle invention, quelle audace! Cet Italien, qui a fait pratiquement toute sa carrière à Würzbourg près du prince archevêque von Schönborn et de ses frères, est à découvrir ou à redécouvrir incontinent! Si les seules œuvres éditées de son vivant sont des concertos et sonates pour clavecin, notre homme avait aussi touché le piano-forte mis au point par Cristofori et pratiquait hautbois, violon et violoncelle. Des œuvres ont disparu, des manuscrits dormaient à Berlin. L'excellente notice (je dois traduire, hélas!) condense efficacement le phénomène sonore qui nous tombe dessus ici : " [...] les concertos témoignent d'une inspiration sans limite, d'un goût très marqué pour la maîtrise des textures : certaines sont claires et presque galantes; d'autres, complexes, reposent sur une construction contrapuntique d'une expressivité considérable et d'une densité harmonique impressionnante. [...] La richesse des idées donne naissance à un style nouveau dans lequel des passages très expressifs et lyriques se côtoient et s'entremêlent pour former une écriture exubérante animée par la variété rythmique de modulations soudaines". Il suffit découter l'allegro du I 54 pour saisir avec quelle fulgurance une idée se transforme, passe de l'orchestre au soliste, d'un groupe d'instruments à un autre en une série de "rapts" qui la transforment, la modulent, l'escamotent ou la font ressortir. Ou bien les jeux et les glissades chromatiques tantôt de l'orchestre, tantôt du clavecin qui président à la relance, aux avatars des motifs thématiques dans l'allegro du I 57. Rare plaisir de la prestidigitation et de l'acrobatie. Et quel art pour ramener tout ce foisonnement, cette furie, cet ébourriffement de musique à un ordonnancement impeccable et souverain, par une sorte de signature jouant sur l'unisson et l’harmonie parfaite en fin de séquence, de développement ou de mouvement. Les interprètes sont constamment à la fête et nous le font sentir. (Bertrand Abraham)

When Giovanni Benedetto Platti was born, Johann Sebastian Bach was already twelve years old, and when he died, Wolfgang Amadeus Mozart was only two weeks short of his seventh birthday. So far scholars have not been able to unearth any significant information about this composer’s childhood and youth, and his dates make it easy to understand why posterity has assigned him to one of those perilous »transitional gap periods« from which many composers like him never reemerge. However, especially since the beginning of the new millennium Platti by exception has enjoyed something of a renaissance. From 1722 until his death in 1763 Platti served the Würzburg Prince Archbishop Johann Philipp Franz von Schönborn and his hardly less renowned brothers. He was a highly regarded virtuoso and composer who as a productive musician not only was diligent but also and above all very imaginative and even fond of experimentation. The writing style of his harpsichord and cello sonatas, trios, and concertos is often so highly original that they practically had to be rediscovered sooner or later. The selection of works recorded here also shows that this Italian-in-Franconia was an artist who in particular expertly negotiated oscillating harmonic boundaries, never reached his limits with the means of expression available to him at the time, and formulated astonishing solutions to meet the needs of instrumental virtuosos.