Très bel objet que celui s’ouvrant sur ce « Bacchus découvrant Ariane » attribué à Le Nain. A l’intérieur, outre la reprise de détails du tableau, de brefs éléments nous permettent de situer ce répertoire, donc d’en mesurer l’originalité et l’intérêt. Ce que l’écoute vient d’ailleurs bientôt confirmer. Juliette de Banes Gardonne, au timbre sombre, parfois un peu trop masculin, nous convainc vite de ses capacités vocales, jusqu’à une virtuosité certaine. Ses mérites ne s’arrêtent pas là puisque, ne se contentant pas d’interpréter la musique, elle aime à découvrir des partitions moins exploitées, à initier des programmes inédits et à leur redonner vie (notamment avec son ensemble Démesure). Ici, les musiciens l’accompagnant, engagés eux aussi dans des activités très diverses autour de la musique, concourent avec enthousiasme à ce bel équilibre entre interprètes, le tout bénéficiant d’une prise de son optimale réalisée à la Cité de la Voix de Vézelay. Mais pourquoi ne pas rendre accessibles les textes chantés, directement sur le sites Claves.ch à défaut d’un autre support ? (Alain Monnier) Après un émouvant « Caresana » (du nom du compositeur vénéto-napolitain, 1640-1709), la mezzo-soprano Juliette de Banes Gardonne et son ensemble Démesure défrichent pour nous de nouveaux chants inédits. Il s’agit cette fois d’un manuscrit énigmatique, intitulé « Alla virtù della Signora Maria Pignatelli », une compilation dont la date exacte et l’auteur restent incertains. La dédicataire serait une cantatrice née en Espagne, et qui aurait suivi son mari à la cour de Vienne, où son art aurait été apprécié par l’archiduc Charles V. Elle aurait eu une liaison avec le poète Métastase, dont les livrets ont inspiré de nombreux compositeurs, de Caldara jusqu’à Mozart. Ce recueil, véritable anthologie du chant italien au début du XVIIIème siècle, regroupe des cantates de 18 compositeurs, surtout méridionaux ou bolonais, mais aussi lombards, toscans, romains… Pour ce CD ont été retenues des cantates de Giuseppe Porsile (1680-1750), Alessandro Scarlatti (1660-1725), Carlo-Antonio Monza (1685-1739) et Francesco Gasparini (1661-1727). La voix de la mezzo-musicologue, sombre et veloutée, bien soutenue par l’ensemble Démesure, sait parfaitement nous faire partager les émotions dramatiques de ces cantates bien représentatives de l’Italie baroque. (Marc Galland) The Antoniana Library in Padua holds a manuscript called Cantate alla virtù della Signora Maria Pignatelli. A true vocal anthology of the early 18th century, this period canzoniere contains forty-eight secular cantatas, almost all unpublished, by seventeen composers from the great artistic centres that Italy had around 1700: Rome and the Papal States (Bologna, Ferrara, Ravenna), the Duchy of Milan, Naples, the Kingdom of Sicily, and Venice. The manuscript contained (among other things) three questions that we were able to work on thanks to research funded by the HEM (University of Music) in Geneva and the IRMAS (Institut recherche Musique et Art de la Scène - Institute of Research on Music and Scenic Arts): 1) who was the dedicatee of the manuscript, 2) who could have been the author of the compilation, 3) when was the compilation made. Originating from the ancient Kingdom of Naples, the Pignatelli family was one of the most illustrious families in Italy. It was divided into many branches, and it is on the Spanish side that our research brought new evidence as to the identity of Maria Anna Pignatelli (1689-1755)12. A native of Alcudia, Maria Anna Pignatelli is remembered for her love affair with the poet and librettist Pietro Metastasio as the second “Metastasian” Marianna. In 1709 she married Count Johann-Michael Von Althann in Barcelona and followed her husband to the Austrian court. A favourite of the Archduke Charles V, she was behind the success of Metastasia in Vienna, whom she brought in to replace Apostolo Zeno. Given this identity, the compilation cannot be dated after 1709, when Maria Anna was known as Countess of Althan, whereas the title of the manuscript only indicates the term Signora Pignatelli.
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