 Déjà le 86e volume de la série "The Romantic Piano Concerto" qui a fait découvrir tant d’œuvres perdues ou oubliées à côté des grands standards du genre ! Le regretté Michael Ponti avait commencé à défricher avec bravoure ce vaste champ aux limites indéfinies. Aujourd’hui, Howard Shelley, parmi quelques autres brillants sujets de l’écurie Hyperion, a pris le relais avec vingt-neuf enregistrements de ces concertos délaissés et propose de revenir sur les œuvres de deux compositeurs ayant évolué dans le cercle et sous l’ombre de Chopin. Tellefsen (1823-1874) était norvégien, mais parisien depuis 1842, il fit dans la capitale l’essentiel de sa carrière. Einar Steen-Nøkleberg avait enregistré en 2005 ses deux Concertos pour piano op. 8 (1848) et op. 15 (1853) pour Simax Classics (PSC 1232). Le premier, probablement conçu sous la férule et avec l’approbation de Chopin, se signale par sa coupe classique, un second mouvement très lyrique tandis que le troisième mouvement choisit d’exposer une virtuosité brillante mais quelque peu superficielle en dépit de l’intégration d’un air populaire norvégien que Grieg célébrera ensuite dans la série de ses "Norwegian Folk Songs", op. 66. Le second Concerto montre plus de maturité tant dans les thèmes exploités que dans la structure générale de l’œuvre. L’attendrissant mouvement lent accompagné de cordes en sourdines est particulièrement remarquable avant une surprenante Tarentelle. Avec Kalkbrenner (1785-1849), et sa fatuité, Howard Shelley, qui en a déjà enregistré les quatre concertos, revient en terre connue et narre avec le brio pompeux qui convient la "Grande Marche interrompue par un Orage" et suivie d’une "Polonaise", op. 93, dont les quatre sections font entendre Hummel et Weber en arrière-plan. Élégant et éblouissant soliste, chef d’orchestre vigilant sur la justesse des plans sonores, Howard Shelley signe là encore une magnifique réalisation à recommander très chaleureusement. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Le 86e album de la collection "The Romantic Piano Concerto" de l’éditeur britannique réunit deux compositeurs du Paris romantique des années 1820/1850. Le premier, Tellefsen, était norvégien et le second, Kalkbrenner, allemand. Ami de Chopin, Tellefsen a été profondément marqué par l’écriture de "l’exilé polonais". Voilà une musique plus que charmante, émouvante dans l’Andante du Concerto n° 1 porté par le sens de la phrase. L’orchestre, plus ample et disons-le plus inventif que celui de Chopin accompagne davantage qu’il ne dialogue avec le soliste. Extraordinaire musicien, Howard Shelley possède dans son jeu, une variété inouïe de couleurs, propre à nous faire croire au génie de pages inspirées par le seul talent. Car si la musique de Tellefsen est d’une beauté simple avec quelques élans de danses norvégiennes bien ténus, il ne possède pas ce qui fit la grandeur de Chopin dont l’écriture dépassa largement le seul aspect pianistique. Préférons plus encore le Concerto pour piano n° 2 qui s’éloigne (un peu) du "magnétisme" de Chopin. C’est fort bien fait et le grand soin apporté par les interprètes est des plus convaincants. Hyperion publia trois précédents albums consacrés à Kalkbrenner. Les portraits de ce compositeur qui fut un pianiste remarquable, un animateur de la vie musicale parisienne sont truculents tant ils insistent sur l’insondable vanité du personnage. Sa Grande marche interrompue par un orage et suivie d’une polonaise est pour piano et cordes seules. Tous les effets du genre sont réunis, empruntant à la virtuosité des Weber et Hummel. Howard Shelley nous délecte de sa"bravoure"dont il a raison de ne retenir que la bluffante superficialité. (Jean Dandrésy)
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