Le nom de Giovanni Rinaldi n'évoquera rien pour la plupart des mélomanes. Pourtant ce coffret de trois disques montre combien son œuvre pour piano est riche, combien il a su capter un certain nombre d'évolutions artistiques dans l'air du temps. Les œuvres présentées sont toutes brèves, de la musique de salon variée qui évoque tantôt Grieg, Brahms, Liszt (Étude op. 68) ou encore les compositeurs français. Son œuvre maîtresse est une série de 20 Nuances (Sfumature en italien) dont les plus réussies sont des paysages méditatifs (notamment "Campagne squallida" dont les accords statiques annoncent le Debussy de la Cathédrale engloutie). Mais Rinaldi s'inspire également de danses exotiques : espagnoles (Lola) ou caribéennes (Juanita) et ose même une parodie de marche baroque avec son lot de « fausses » notes humoristiques. Le dernier disque est consacré aux pages plus intimes du "Sourire de la fillette" dédiées à ses proches. On admire le mouvement de toupie (connaissait-il celle de Bizet ?) ou la tendre "Ninna nanna" dont le dépouillement n'est pas sans rappeler Satie. Un parcours captivant dans une œuvre parsemée de petites pépites. Le pianiste Dario Bonuccelli, malgré une prise de son trop sèche, guide l'auditeur avec conviction dans ce répertoire séduisant. (Thomas Herreng) In this substantial recording, the award-winning young pianist Dario Bonuccelli leads us towards the discovery of the works of Giovanni Rinaldi, a discreet and precious figure in the Italian artistic panorama of the nineteenth-century. The trait that chiefly defines Rinaldi’s personality, in addition to his composing exclusively for the piano, is the fact that his inspiration expressed itself invariably outside the established formal patterns: no Sonatas, no Themes with Variations, no substantial “concert pieces”, but only short, strongly characterised pieces. Not even an authoritative friend such as Giulio Ricordi, who urged him to compose a sonata, managed to change his conviction that the music he was creating must be the most direct expression of an emotion, and was not to be conditioned by abstract principles. The mastery of Dario Bonuccelli in the interpretation of these small portraits mainly dedicated to nature, daily life, small emotions and simple feelings, brings us back to the discovery of an alternative cultural undergrowth that flourished in the shadow of the great European romanticism and the rampant nineteenth-century Italian melodrama.
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