Le chef français natif d’Annecy, Emmanuel Leducq-Barôme, est installé depuis de nombreuses années en Russie (où il a étudié la direction d’orchestre auprès de Mariss Jansons et Ilia Mouchine). Il a fondé, en 2000, à Saint-Pétersbourg, l’orchestre de chambre de la Baltique avec nombre de musiciens issus de l’orchestre philharmonique de la ville et enregistré avec cet ensemble plus d’une vingtaine de disques, pour l’essentiel dévolus à la musique du XXème siècle. Ce nouveau disque, tout entier voué à Tchaikovski, ne se contente pas d’offrir une version de plus de la célèbre Sérénade pour cordes, mais donne à entendre des pièces beaucoup plus rares, la plupart écrites ou transcrites pour des circonstances particulières. Comme les funérailles du compositeur en 1893 : c’est Glazounov qui élargit à l’orchestre à cordes le bouleversant andante du troisième quatuor que Tchaikovski avait écrit en 1876. En 1884, la société des artistes de Moscou choisit de rendre hommage à l’acteur Ivan Samarine pour ses cinquante ans de carrière et sollicita Tchaikovski qui, malgré une intense activité de composition et de voyages, se fit un devoir d’écrire une Elégie – la partition est achevée le 18 novembre – en l’honneur d’un artiste qu’il admirait infiniment. Quant à la sérénade pour cordes, elle ne répond à aucune commande, juste à une période plutôt heureuse pour Tchaikovski. Ecrite à l’automne 1880, elle est créée à Saint Pétersbourg le 18 octobre 1881 sous la direction d’Edouard Napravnik. Chef-d’œuvre de la littérature pour orchestre à cordes, la sérénade s’inspire, comme souvent chez Tchaikovski, d’un matériau thématique profondément russe. L’interprétation d’Emmanuel Leducq-Barôme et de son orchestre baltique ne manque pas d’atouts, à commencer par la rareté de plusieurs pièces du programme. Dans la sérénade pour cordes, la concurrence discographique est sévère. On ne cherchera pas ici les fastes des versions Marriner, Karajan ou Ormandy. Sans doute une prise de son plus aérée aurait-elle évité à l’auditeur d’être placé trop près de l’orchestre. Un disque qui vaut d’abord pour son programme original. (Jean-Pierre Rousseau) The second half of the 19th century witnessed a proliferation of significant works for strings alone (a hitherto unusual genre) including the Serenades for Strings by Dvor?ák (1875) and Tchaikovsky (1880) and Grieg’s Holberg Suite (1884), followed by a trio of works for strings in 1892 from Suk, Wolf and Elgar. Tchaikovsky’s music for string instruments is notable for its range and consistency – and this culminates in the magnificent Violin Concerto and one of the greatest works ever conceived for string orchestra, his Serenade of 1880. Earlier, in 1873, Tchaikovsky wrote incidental music to Ostrovsky’s three-act drama The Snow Maiden. Though he abandoned the idea of adapting it into an opera, when Rimsky-Korsakov composed one on the same subject, he retained affection for this little-known work. Judging by the beautiful Melodrama of Act II, its neglect is unjustified. Eight years before that, as a 25-year-old student at the St Petersburg Conservatory he composed a String Quartet in B flat. If, as some authorities believe, it had four movements, only one has survived. Such is the inner power of the music that it takes on a more expressive hue when performed by a full string orchestra as on this recording. Towards the end of 1884, the Moscow Society of Artists wished to honour veteran actor Ivan Samarin’s 50-year artistic career, and Tchaikovsky enthusiastically contributed a musical entr’acte. Tchaikovsky’s publisher Jurgenson persuaded the composer the music was worthy of publication, under the title Elegy, as Samarin died the year after the celebrations. When Tchaikovsky suddenly died near the end of 1893, the slow movement of his Third String Quartet was arranged for string orchestra by Glazunov for performance at his funeral service. Glazunov’s subtle and sympathetic arrangement of this fine music for full string orchestra honours his friend, the great composer, in truly noble fashion.
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