D’une durée supérieure à une demi-heure, le Concerto pour violon du musicien roumain George Enescu fut créé en 1896, du moins son premier mouvement (l’œuvre possède seulement deux parties) et sous l’archet du compositeur. Enescu fut non seulement un remarquable violoniste, mais aussi chef d’orchestre et pianiste. L’œuvre rend hommage à Beethoven et Brahms – déjà par le fait que le violon entre tardivement dans l’orchestre – mais aussi parce qu’elle synthétise l’écriture de la fin du romantisme dans sa forme concertante. Certains passages évoquent aussi les influenes de Spohr et de Wagner. L’archet vif-argent et très précis de Carolin Widmann accentue la dimension quasi-chambriste de la partition. Curieusement, le second et dernier mouvement lent (andante) associe, dans une superbe déclamation, les souvenirs de Brahms, mais aussi de Schubert. Les longues phrases du violon tenues dans l’aigu laissent s’épanouir de superbes thèmes. En un seul mouvement, la Fantaisie pour piano et orchestre date de 1898. Là encore, le piano tarde à entrer sur scène. On reconnaît à nouveau l’influence de Brahms et plus encore, celle des concertos de Liszt. Le caractère rhapsodique et les couleurs empruntent aux folklores d’Europe centrale jusque dans les rythmes de marches. L’écriture est volubile, parfois même un peu bavarde, et il faut toute la fluidité et l’intelligence narrative de la soliste, Luiza Borac, pour que l’on maintienne l’attention dans cette page au service d’un piano virtuose. (Jean Dandrésy) Violoniste et pianiste virtuose, Enescu réfuta le genre concertant. Soliste, il le fut, mais pour jouer les autres, et Bach d’abord. Surprise donc, de voir paraitre un disque affichant deux œuvres concertantes. Mais ce sont des essais de jeunesse, de son temps du Conservatoire de Paris, une Fantaisie pour piano et orchestre qui tire à la ligne malgré les attentions de Luiza Borac (et où rien de l’invention de ses futures œuvres pour clavier ne parait) que l’on pourra oublier sitôt entendue... mais le Concerto pour violon, resté inachevé, dont le jeune Enescu donnera le seul premier mouvement en mars 1896 avec l’Orchestre du Conservatoire, est autrement attachant, si Brahmsien de syntaxe, de vocabulaire, de couleurs, avec un imaginaire post romantique qui indique une voix qu’il abandonnera, repentir émouvant à sa façon. Carolin Widmann le joue avec beaucoup d’âme, Peter Ruzicka ajoutant l’œuvre à cette théorie de partitions patiemment recherchées, retrouvées, réassemblées par Cornel Tiranu et Pascal Bentoïu, agrandissant d’isthmes nouveaux le continent Enescu. Que nous réserve le prochain volume de cette chasse au trésor ? Mystère... (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Two different traditions – Viennese Classicism and the Late Romantic virtuoso concerto – inevitably left their traces on George Enescu’s highly ambitious Concerto for Violin and Orchestra. Even though he left it unfinished, its total length of six hundred measures is by itself reason enough for astonishment. The first movement almost attains the dimensions of the Violin Concertos of Beethoven and Brahms. A striking formal interrelation is formed in the extended introduction: like Beethoven and Brahms, Enescu needs ninety measures before he is ready for the entry of the solo instrument. An instance of the greatest good fortune: our soloist Carolin Widmann! The »Allegro moderato« first movement alone employs three themes that are so engagingly formulated that they continue to echo in the ear even after a single hearing. In June 1898 Enescu composed his Fantasy for Piano and Orchestra, a work combining expressivity à la Brahms with bravura piano technique à la Liszt. The lack of a cadenza for the soloist and the wide-ranging harmony indicate that the work does in fact involve a fantasy and not, say, the first movement of an unfinished concerto. Neither the Fantasy nor the Violin Concerto has been published. But since today almost every Rumanian composer is also a musicologist and an Enescu expert, they were never completely forgotten. Pascal Bentoiu and Cornel Taranu assisted Peter Ruzicka, the conductor of the two recording premieres presented here, in the acquisition and supplementation of the scattered material. As a result, our picture of George Enescu, who continues to be a great unknown, is enriched by new facets – and the repertoire by two outstanding, previously unknown works.
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