 84e volume de la fabuleuse série des Concertos romantiques pour le piano, initiée depuis 1990 par l’unique et en tous points remarquable label Hyperion, cet enregistrement permet de connaître trois œuvres concertantes d’Aloys Schmitt (1788-1866), auteur de cinq concertos pour piano et orchestre et de deux rondeaux pour la même formation. Le nom de Schmitt ne dira probablement rien à la plupart d’entre nous. Il fut pourtant un remarquable pédagogue, dont lui survit une Méthode op. 114 et des Études op. 16, 55, 61, 116, destinées à l’enseignement dans le sillage de l’esthétique de Spohr (1784-1859). Un compositeur de transition en quelque sorte. Chopin qu’il rencontra en 1830 écrivait : « Aloys Schmitt, un pianiste de Francfort, a été mal accueilli bien qu’il ait plus de quarante ans et compose une musique qui semble avoir quatre-vingts ans !». Le jugement est sans doute sévère mais caractérise assez bien une musique agréablement composée, emplie de réminiscences de Beethoven, Mozart, Hummel ou Weber, voire Sterndale-Bennett (1816-1875). Le concerto en Ut mineur op. 14 date de 1821 et se signale par les lents arpèges du piano conclusifs de l’Adagio con moto quasi andante médian. Celui en Ré mineur op. 34, de 1823, fait une plus large part à la virtuosité technique du soliste, notamment dans les notes redoublées martellato qui anticipent sur le 3e Menuet op. 51 d’Alkan (1859) et dans son Allegro finale très enjoué. Schumann voyait un alliage raffiné de Hummel et Field dans le Rondeau Brillant op. 101 (1839) et les nombreux passages marqués con bravura e delicatessa permettent de se faire une idée de la virtuosité de Schmitt. Dans ces œuvres qui piquent notre curiosité, les talents et le goût d’Howard Shelley, pianiste et chef d’orchestre, resplendissent de mille feux. Un enregistrement parfaitement intégré à une série d’exception. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Découvrons en première mondiale, les trois œuvres concertantes de ce compositeur allemand. Auteur d’ouvrages pédagogiques salués par Liszt, pianiste remarquable, ami des Mendelssohn et de Spohr, professeur de Ferdinand Hiller, Schmitt laissa à la postérité plus d’une centaine d’ouvrages dont quatrer concertos pour piano, des symphonies, des messes et quatre opéras… Les deux premiers concertos composent le 84e album de la série des Concertos romantiques du label anglais. Le premier opus fait indubitablement songer aux derniers concertos de Mozart, aux premiers de Beethoven. Une longue introduction orchestrale puis le développement d’un thème que l’on dirait "bien ficelé", mélodieux à souhait et, avouons-le, un peu bavard. Le cœur du concerto est le mouvement lent qui s’ouvre uniquement par un quatuor à cordes puis un arioso à nouveau mozartien profondément émouvant. "Encylopédiste" du piano, Howard Shelley défend cette musique en chambriste, ciselant amoureusement les phrases. Le finale d’une vivacité réjouissante possède un caractère assez original. Le chef et pianiste sait animer l’élégance espiègle et bondissante de cette écriture. Le Concerto n° 2 est tout aussi charmant, mais nous apparaît moins inventif, trop brouillon peut-être. L’aria du mouvement lent est tout aussi mozartien, sans beaucoup d’inventivité. Le finale est tout aussi réussi que celui du premier concerto. Schmitt était à son avantage dans les tempi véloces et un jeu qui, dit-on, faisait appel à une grande légèreté de toucher. La dernière partition du disque, le Rondeau brillant est une belle surprise, célébrée par le critique Robert Schumann. Hommage à John Field selon ce dernier, le Concerto déploie une virtuosité toute chopinienne. Shelley, à nouveau, fait merveille. (Jean Dandrésy)

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