 Sur un des plus grands orgues d'Allemagne, restauré en 2004 en se référant à l'instrument initial de Friedrich Ladegast (1862), Lucas Pohle déploie un généreux panorama d'une heure vingt. Le parcours invite de notoires compositeurs associés à la ville de Leipzig, du Baroque au post-Romantisme, à commencer par un pathétique diptyque du célèbre Thomaskantor, J.S. Bach. L'univers du choral protestant féconde ensuite trois étapes, avec le touchant concours vocal d'un garçonnet : la troisième Sonate de Mendelssohn, une fresque sur le "Jesu Meine Freude" introduite par des visions infernales, et une illustration du Psaume 91 en lien avec le temps liturgique du Carême, imaginée par l'organiste. Le disque culmine sur une vaste Fantaisie symphonique et Fugue, inspirée par l'Enfer de Dante. Pour Karg-Elert et Reger, la magistrale interprétation rejoint les références gravées par Josef Still à Trier (Organum) et Henrico Stewen à la voisine Thomaskirche (Motette). On peut regretter que, contrairement à d'autres disques publiés par ce label, le livret n'inclue ni la disposition de l'instrument ni les registrations employées pour l'enregistrement. Au demeurant, ce programme capté en 2020, aux résonances tourmentées et parfois tragiques, que l'on nous dit influencé par le contexte pandémique, s'avère particulièrement édifiant. (Christophe Steyne)  It is the largest organ in Saxony and is still one of the most important instruments in Leipzig: the organ of St Nikolai Church in Leipzig, built in 1862 by Friedrich Ladegast. After reconstruction measures at the beginning of the 20th century by Wilhelm Sauer, the historic organ was reconstructed in 2002/03 by the organ building company Hermann Eule from Bautzen and some French-Romantic tone colors were added. Lucas Pohle – once Nikolai cantor, meanwhile professor at the University of Protestant Church Music – under the formative impression of the COVID-19 pandemic, in 2020 put together a program with works by Bach, Mendelssohn and finally Karg-Elert and Reger, whose serious character cannot be denied. Particularly impressive is Pohle's organ improvisation on the boys' chant of Psalm 91 by Julius Paul Oskar Schmidt.
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