Andrea Gabrieli (1531-1585)
Alla Battaglia

Claudio Monteverdi (1567-1643)
Messa per Maria Salute

La Capella Ducale
Musica Fiata
Roland Wilson, direction

La peste se déclare à Venise à l'été 1630. A l'automne 1631, elle aura fait environ 50 000 morts, soit un tiers de la population urbaine. La République sérénissime, pour obtenir la fin de l'épidémie, fait le vœu de construire l'église de la Salute, sur la punta della dogana del mare. La première pierre est posée le 1er avril 1631, avec de solennelles manifestations. La délivrance est saluée par « une messe solennelle d'actions de grâces composée par le Seigneur Claudio Monteverdi, maître de chapelle et gloire de notre siècle, et au cours de laquelle les chants de Gloria et de Credo étaient accompagnés de strombe squarciate (instruments à vent) qui créaient d'exquises et merveilleuses harmonies », selon un témoin contemporain. De cette messe d'apparat exécutée le 28 novembre 1631, rien ne nous est parvenu, mais les musicologues s'accordent aujourd'hui à considérer que des fragments en sont conservés dans la Selva morale e spirituale de 1640, notamment le Gloria à 7 voci concertate, et le Credo qui lui semble lié. Roland Wilson n'aura pas eu besoin, pour reconstituer cette messe, de faire appel à sa virtuosité en chirurgie réparatrice (on se souvient de sa Dafne de Schütz). Il rassemble dans cette messe quelques-uns des chefs d'œuvre religieux testamentaire du Maestro, comme le Salve Regina (Audi caelum) a voce sola (tenor), une page hors du commun, dont la spatialité est théatralisée par les effets d'écho, et le Jam morir, mi fili fameuse adaptation du lamento d'Arianna ainsi que le « Jubilet a voce sola, in dialogo » d'une lumineuse mobilité, à l'image de l'allégresse proclamée par le texte. La Cappella Ducale et l'ensemble Musica Fiata, dirigés par Roland Wilson, nous livrent une musique dont la splendeur sera rarement dépassée. (Marc Galand)

Roland Wilson has a remarkable talent for handling the music of the 16th and 17th centuries. His impressive reconstruction of Heinrich Schütz’s Dafne, the first German opera, remains well remembered. His current work will undoubtedly find its place alongside it: This is how the grand Festive Mass may have sounded, with which all of Venice in 1631 celebrated the end of a plague epidemic that had claimed a third of the population. The Doge fulfilled his vow and commissioned the construction of the Santa Maria della Salute church. The Serenissima Repubblica rejoiced, and Claudio Monteverdi provided music whose splendor was hardly to be surpassed. Among other things, he used “slide trumpets”, which allowed for extraordinary tones: they can be seen in old paintings and are heard – reconstructed – in this recording. This is how a republic once expressed its gratitude.