Ces versions de « Pierre et le loup » (1936) et du « Carnaval des animaux » (1886) sont véritablement recommandables. L’interprétation musicale y est des plus agréables et la narration d’Henri Dès, bien connu des enfants depuis plusieurs générations, est chaleureuse et élégante. Le dynamisme et la finesse de l’orchestre servent à merveille ces œuvres imagées. La musique de Prokofiev est savoureuse entre espièglerie et intensité dramatique. Les enfants s’amuseront à reconnaître Pierre aux cordes, le bougon Grand-père au basson, le velouté matou à la clarinette, l’oiseau à la flûte gazouillante, le canard au malheureux destin au hautbois, les chasseurs aux percussions et le loup aux cors. Alors que Saint-Saëns ne voulait pas que l’on joue son Carnaval estimant qu’il ne s’agissait que d’un divertissement, ce sont aujourd’hui plusieurs générations qui se délectent de ce sympathique bestiaire musical teinté d’humour et de raffinement aux astuces figuratives délicieuses. Les enfants l'apprécieront d’autant plus ici qu’il est accompagné du distrayant texte écrit par Francis Blanche illustrant chaque pièce animalière. À travers ces versions réjouissantes, les enfants seront inévitablement séduits par ces œuvres au charme intemporel. Un bon album à conseiller ! (Laurent Mineau) Les deux oeuvres sont des classiques des concerts pour enfants qui connaissent un même succès mondial : le conte musical « Pierre et le loup » de Prokofiev et « Le Carnaval des animaux » de Camille Saint-Saëns, que ce dernier a décrit – probablement avec un clin d’oeil – comme une « Grande fantaisie zoologique ». Est-ce que l’essentiel est ainsi dit ? Pas du tout. Car la question se pose de savoir pourquoi les adultes apprécient autant que les enfants l’histoire du brave Pierre et du méchant loup. Cela a sans doute à voir avec la géniale musique de Prokofiev. Il faut en outre se souvenir que Saint-Saëns a composé son « Carnaval » pour un concert privé à domicile, c›est-à-dire pour le divertissement d’adultes. Et ces derniers ne pouvaient apparemment pas se retenir de rire, si bien que le compositeur a soudain pris peur et a strictement interdit la publication de son oeuvre charmante, craignant que ses oeuvres sérieuses ne soient dès lors plus prises au sérieux. D’une certaine façon, on lui a donné raison : en termes de popularité auprès des jeunes et moins jeunes, aucune autre oeuvre de Saint-Saëns ne peut rivaliser avec le « Carnaval des animaux ». Une « Marche royale » ouvre l’oeuvre; on entend clairement un lion royal qui ouvre sa gueule pour pousser un grand rugissement. Suivent des gloussements excités des poules et des coqs, avant qu’un hémione ne traverse la scène imaginaire (ou plutôt les touches des deux pianos). Les tortues qui se traînent lentement et de façon primitive sont particulièrement drôles, justement parce qu’elles évoluent sur un cancan animé de Jacques Offenbach – même les chers collègues compositeurs ne sont pas à l›abri des moqueries affectueuses de Saint-Saëns... On retrouve un peu la même chose avec l'éléphant (pour le plus grand animal, le plus grand instrument : la contrebasse), qui fait sa lourde apparition sur la légère « Danse des Sylphes » d’Hector Berlioz. Direction l’Australie ensuite, pour voir les kangourous. On peut même observer ici des poissons argentés, du moins dans un aquarium. Les ânes (avec leurs braiements typiques « hi-han ») sont présentés comme des « personnages à longues oreilles ». L’appel lointain du coucou à la clarinette est empreint de romantisme. Au milieu du gazouillis animé d’innombrables oiseaux peuplant une volière, le sifflement particulièrement noble d’un petit oiseau laisse une impression durable.
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