 En peu de temps, le mince corpus de l'œuvre de Wassenaer a fait l'objet de plusieurs enregistrements. J'ai rendu compte ici des sonates pour flûte à bec (parues respectivement chez Brilliant et Challenge), alors même que paraissaient ou avaient déjà paru chez ces mêmes éditeurs les six concertos « harmoniques ». Issu de la noblesse, fils d'ambassadeur et petit-fils d'un célèbre amiral, Van Wassenaer occupa de très hautes fonctions dans l'appareil d'État des Provinces-Unies ; ambassadeur lui-même, il dirigea en outre la Compagnie des Indes Néerlandaises. Il fut aussi compositeur, mais de façon quasi-anonyme, sans jamais assumer la paternité de ses œuvres : la musique n'augmentait en rien le prestige que son rang lui assurait. Aucun nom d'auteur sur les présents concertos, publiés à La Haye en 1740, juste celui du comte auquels ils étaient dédicacés. Attribués à Pergolèse ou plus épisodiquement à Haendel, Geminiani, Vivaldi etc. , ils furent associés, dans l'édition anglaise de Walsh (1755) au nom de Carlo Riciotti (1681-1756), qui, dans l'affaire, ne fut qu'un intermédiaire. Ce n'est qu'en 1980 que le musicologue A. Dunning découvrit une lettre, écrite de la main même de Wassenaer, dans laquelle ce dernier, sans se désigner nommément, annonçait être l'auteur de cette musique, ce que les expertises ne firent que confirmer. De facture corellienne, en 4 mouvements (lent/vif/ lent/vif), ces pièces relèvent globalement du concerto grosso. Wassenaer déploie là un art prodigieux de la mélodie, couplé à une sensibilité exquise procédant de l'Empfindlichkeit. Et une irrésistible énergie : c'est foisonnant, bondissant, mordant : l' allegro 1 du premier concerto est aussi ébouriffant qu'une tempesta di mare vivaldienne. Les mouvements lents offrent souvent des passages tissés d'audacieux frottements, de glissements de cordes dissonantes d'où naissent autant de coloris subtils et soyeux. Ces deux lectures, dans lesquels certains mouvements sont parfois découpés de façon différentes ont leurs atouts : l'une est tantôt plus éthérée, plus légère, plus articulée que l'autre, tantôt plus dynamique, plus expressive, plus impétueuse. Chaque nouvelle écoute induit des plaisirs, des ravissements nouveaux, changeant instantanément le cours de nos préférences. Puissons nous découvrir des pages encore inconnues de cet énigmatique Wassenaar! (Bertrand Abraham) Unico Wilhelm van Wassenaer (1692-1766) is one of the most remarkable personalities in Dutch music history. Until 1980, his music - the six ‘Concerti armonici’ - was well known to every lover of early music, but not his name. These works were universally understood to be by Giovanni Battista Pergolesi or by Carlo Ricciotti, who published them in 1740 but did not compose them. Unico Wilhelm van Wassenaer was well known to Dutch historians as a descendant of the renowned noble Van Wassenaer family, but nobody knew that he was also a composer. Thanks to a lucky find by the Dutch musicologist Albert Dunning in 1980, man and music could be connected with one another. In 1740, a collection of six concertos for strings and basso continuo, was published in The Hague under the title VI Concerti armonici. The Concerti armonici can be associated with musical performances that took place in the 1720s in The Hague.
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