Quel duo ! Jörg Demus, de son splendide Conrad Graf, entraine l’archet rapsode de Thomas Albertus Irnberger en pleine campagne. Jamais les œuvres pour violon et piano de Schubert si merveilleusement illustrées par Johanna Martzy ou Szymon Goldberg, n’auront été aussi libres, aussi heureuses, aussi solaires surtout. Il y a ici une divine simplicité, un naturel, pour tout dire une joie qui culminent dans le grand Duo en la majeur, si allègre dans le jeu des deux amis. Et on aura beau dire, la sonorité de grande guitare du Graf change tout : ce qu’un piano moderne assiérait dans un salon, Jörg Demus l’expose en plein air, avec même une certaine rusticité. Quel plaisir partout, même lorsqu’ensemble ils se lancent dans l’Arpeggione, idée de Demus certainement, tellement amoureux de l’œuvre qu’il aura voulu l’ajouter à un corpus où elle n’entre quasiment jamais, réservées aux violoncelles ou aux altos. Plus rien d’ombreux, mais une fantaisie légère, vive, où le souvenir de Mozart s’invite. Et les trois Sonatines ? Limpides, fluides, élégantes, elles chantent avec une évidence qui fait regretter que cet attelage intergénérationnel ait oublié en chemin la sublime Fantaisie « Sei mir gegrüsst ». Eux seuls auraient pu y répondre à Adolf Busch et à Rudolf Serkin. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)
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