Peter Ruzicka (1948-)
Benjamin Symphonie
Elégie

Lini Gong, soprano
Thomas E. Bauer, baryton
Kinderchor der Oper Frankfurt
Frankfurt Radio Symphony
Peter Ruzicka, direction

Par son caractère dramatique et par sa noirceur, la "Benjamin Symphonie" de Peter Ruzicka n’est pas sans rappeler sans grande sœur, la "Symphonie lyrique" d’Alexandre Zemlinsky. Le langage musical, au caractère profondément sombre, angoissant, proche de l’atonalité trouve en effet ses repères dans le cénacle de l’Ecole viennoise, bien que la création de Ruzicka soit postérieure. Créée en 2018, cette œuvre s’appuie sur un cycle de Lieder dont le caractère passionné puise ses racines dans le mouvement romantique allemand. Sept chants continus s’enchaînent dans une structure narratrice codifiée, confiés à deux artistes émérites : une soprano (Lini Gong) et un baryton (Thomas Bauer). Ces deux interprètes s’appuient sur un orchestre de Francfort incandescent, chauffé à blanc, mené par le compositeur lui-même. La symphonie, qui dure une quarantaine de minutes, vaut pour son langage musical expressionniste, ardent, parfois à la limite de la rupture tant les instruments, cordes et percussions se déchaînent dans un fracas sonore. Certes, une telle œuvre, par sa puissance évocatrice d’où émerge quelques fragments poétiques ne s’apprivoise pas à la première écoute. Mais n’en est-il pas ainsi des œuvres exigeantes confrontées à l’épreuve du temps ? (Jacques Potard)