Mozart, Mozart, Mozart, Mozart, Mozart, Mozart… Stop ! Oui, encore du Mozart, mais du Mozart beaucoup plus rare que le Mozart que nous avons l’habitude d’entendre. Voyons voir… Le néophyte pourrait se demander pourquoi un compositeur si prolifique et touche-à-tout, qui manquait rarement une occasion de se distinguer à l’orgue lors de ses déplacements, laissa si peu de pages intrinsèquement dédiées aux tuyaux. C’est que dans les catholiques régions sud-germaniques, l’instrument servait un culte qui lui laissait moins de place que la pratique du choral luthérien dans l’Allemagne du centre et du nord. Reste une mosaïque de médiocre ambition, d’où se dégagent toutefois les trois suggestives pièces (K. 594, 608, 616) conçues pour les orgues mécaniques du comte Deym-Müller, qui exposait à Vienne ses "cabinets de curiosité". Enregistré en 1994 sur un instrument de 1969 dont Alessio Corti était titulaire depuis trois ans, ce disque propose ces trois opus ainsi que d’autres souvent invités dans semblables programmes mozartiens. On succombera aux suaves registrations de l’Ave Verum, on se grisera des piquantes couleurs qui émoustillent l’iconoclaste chromatisme de la Gigue. Mais hormis un Andante agréablement troussé, le brio du Tamburini verse hélas dans un symphonisme trop pompeux voire clinquant. Quitte à opter pour une console italienne, on pourra s’en tenir à la délicieuse anthologie d’Hadrien Jourdan à San Tomaso de Vérone (Tempéraments, juin 2005), qui réenchantait les partitions avec une variété de toucher, une richesse expressive autrement convaincantes et légitimes. (Christophe Steyne)
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