 De l'oeuvre de Mogens Pederson, considéré comme le compositeur danois le plus important avant Buxtehude, il ne nous reste que ce qui a été épargné par l'incendie qui a ravagé Copenhague en 1728. On situe sa date de naissance vers 1583, celle de son décès après 1623. Il a longtemps été au service du monarque danois Christian IV. Avec le soutien de ce dernier, il a étudié à Venise auprès de Giovanni Gabrieli, comme son quasi-contemporain Schütz. De 1611 à 1614, il voyage en Angleterre, dans le sillage d'Anne du Danemark, qui avait épousé Jacques Ier d'Angleterre. En 1618, il est nommé à la Chapelle royale du Danemark comme assistant de son maître Borchgrevinck. Ce fut le premier compositeur d'origine danoise à occuper un tel poste. Outre des madrigaux à l’italienne, son œuvre principale fut ce « Pratum Spirituale », publié en 1620, et qui est une importante contribution à la musique d'église danoise. Ce « Pré Spirituel » est un recueil de 37 messes, psaumes et motets, sur des textes en danois, latin et allemand. Manfred Cordes et son Ensemble Weser-Renaissance, consacré à la redécouverte des musiques anciennes de l'aire germanique du nord, nous offrent dans cet album 16 motets et hymnes extraits de ce recueil, destinés à la liturgie luthérienne. L’impression qui domine à la lecture de cet album est celle d'une beauté sereine, de la sérénité procurée par une foi inébranlable. Son style, par la polyphonie à cinq voix, un usage strict du plain-chant et du contrepoint, s'apparente davantage à une Renaissance tardive, mâtinée de chorals luthériens, qu'à un baroque alors naissant. Comme toujours, Manfred Cordes nous livre là une production impeccable, couronnée par la beauté de voix. (Marc Galand)  Mogens Pedersøn was a pupil of Melchior Borchgrevinck, later royal kapellmeister, and in 1619 he became royal vice kapellmeister. His major work, Pratum Spirituale ("Spiritual Pasture"), was published in Copenhagen in 1620, containing 21 five-part hymns and a mass, three motets, and a number of responsories. The works directly reflect the church-musical requirements of the time, which made available in print some kind of offerings for ultimately all situations of Lutheran culture. In addition to the hymns that were part of the core liturgical program for the three feasts (Christmas, Easter, and Pentecost), there are Danish hymns, ten psalm hymns, and nine "free" hymns, partly from the distinctly Danish hymn tradition, partly from Luther's closest repertoire. The stylistic world that Pedersøn reveals in "Pratum Spirituale" is unquestionably only a very narrow segment of what this internationally experienced musician mastered: schooled between organ playing, Italian madrigal, Venetian double choir and English "consort music".

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