Maurizio Cazzati (1616-1678)
Salve Regina
Capriccio sopra sette note
O caelites
Canzona n° 3 "La Maurizia"
Qui bella geritis
Courante italienne
Acclamate de terra
Sonate pour 2 violons "La Tanara"
Sonate pour violon n° 7 "La Rossella"
Sonate pour violon n° 12 "La Strozza"

Giovanni Paolo Colonna (1637-1695)
Sonate pour violon n° 7

Bernardo Pasquini (1637-1710)
Sonate pour violon

Giulio Cesare Arresti (1619-1701)
Sonate pour violon n° 18

Ayako One, soprano
Christoph Rudolf, violon
Christoph Riedo, violon
Marc Meisel, orgue

Né en 1616 à Luzzara (actuelle Emilie-Romagne) Maurizio Cazzati a rapidement bâti sa réputation comme directeur musical dans diverses cités de sa région d’origine : Mantoue, Ferrare, Bergame… A 41 ans, il est nommé au prestigieux poste de maître de chapelle de San Petronio, principale église de Bologne, avec pleins pouvoirs et budget en conséquence. Il s’y emploie à rénover cette vénérable institution, et c’est alors sa grande période créative. Cela lui vaudra aussi de solides inimitiés, comme celle de son ancien élève devenu adversaire et concurrent, l’organiste et chef d’orchestre Giulio Cesare Arresti (plage 13 de cet album). Dans un pamphlet, ce dernier lui reproche ses trop audacieuses innovations contrapuntiques. A force d’intrigues, il arrivera à le faire démissionner de ses fonctions bolonaises en 1671. Cazzati retourne alors à Mantoue, en tant que maître de chapelle de la duchesse Isabelle. Il meurt dans cette ville en 1678. Quoiqu’ayant peu voyagé, Cazzati aura de son vivant une réputation européenne grâce à une large diffusion de ses partitions : Il installe à cette fin une imprimerie dans son domicile. Hardi novateur, il compose à une époque, le milieu du XVIIème siècle, où la musique bascule de la période expérimentale et plurielle du premier baroque vers un style plus sévère et rigoureux. « Sache, lecteur, que les règles de la musique ne sont pas des préceptes divins, mais des opinions humaines et diverses », écrit-il dans la polémique. Avant même la création de l’Accademia dei Filarmonici par son collègue Giovanni Paolo Colonna (plage 6) il peut être considéré comme un pionnier de l’école de Bologne, dont seront issus quelques années plus tard un Torelli et un Corelli, et qui donnera les formes stabilisées de la sonate et du concerto. Le présent album est un bon reflet des évolutions de Cazzati, de l’intime motet « Salvum me fac », au virtuose et belliqueux « Qui bella geritis », avec quelques sonates pour orgue et/ou violons, où son inventivité s’exprime pleinement. L’acoustique de la cathédrale Sant-Nicolas de Fribourg (Suisse) met en valeur le bel orgue bâti à l’époque de Cazzati. Sa réverbération magnifie la voix limpide et sensuelle de la soprano japonaise Ayako Ono, dont on ne sait ce qu’il faut le plus admirer, parmi les talents qu’elle exprime notamment dans le motet « Qui bella geritis » (plage 10) : sa virtuosité, ou sa capacité expressive, tour à tour agitée, anxieuse, dramatique, puis apaisée, puis rayonnante dans l’Alleluia final… Un bien bel album au service d’un compositeur trop oublié. (Marc Galand)

Sinuously beautiful solo motets by a little-known contemporary of Cavalli, imaginatively programmed with instrumental interludes by their Italian contemporaries. A musical career seems to have been destined for Maurizio Cazzati (1616-1678). Growing up in a village outside Bologna, he took holy orders and became an organist in Mantova, where he wrote his first published music, a collection of psalm-settings, in his 20s. Having moved around the principalities of northern Italy, his decisive appointment came in 1657, as music director of San Petronio in Bologna. There he ruffled feathers by overhauling traditions and rejuvenating the ensemble of musicians and singers. In his own music, Cazzati likewise bent the rules to serve his purpose, or invented new ones. ‘Know therefore, O Reader, that the rules of Music are not Divine precepts,’ he once wrote, ‘but human opinions and diverse ones at that.’ It has been said before now that his instrumental music was more inspired than his sacred-vocal work, but this album demonstrates otherwise with a sequence of motets which evolves from the more liberal style of the 1640s to the more severe style of the late 17th century. He was among the pioneers of the instrumentally accompanied motet in which violin lines are skilfully woven around the sung text. On the other hand, the two solo motets show a stark contrast, with the intimate Salvum me fac against the virtuoso war-like Qui bella geritis. Three organ sonatas are also included, two of which were written by Cazzati’s own organists in Bologna: Giovanni Paolo Colonn, and Cazzati’s great enemy Giulio Cesare Arresti. A sonata by Bernardo Pasquini affords further contrast with the mostly grave devotions of the motets. All four performers here have extensive experience in the revival of little-known composers from the Baroque, and their stylish performances demand a reappraisal of Cazzati in the round.