 Chanter, c'est prier, disait Luther. Afin de moderniser la pratique liturgique et de la mettre à portée des masses, il adopta dans la musique les formes simples, préconisant aussi l'usage de la langue vernaculaire. Le chant polyphonique appartenant à la tradition allemande, les chorals de Luther furent bientôt harmonisés à quatre parties, mais en gardant toutefois à la mélodie, confiée au soprano, son rôle prédominant. Tout au long du XVIIème siècle, le répertoire des cantates chorales s'enrichit de publications nouvelles contenant, soit des arrangements de mélodies précédentes, soit de nouvelles musiques adaptées aux moments liturgiques. Ces pièces ayant souvent été composées pour une circonstance unique, seule une petite partie nous a été conservée. Les cantates chorales présentées dans cet album relèvent du genre "per omnes versus", qui reprend textuellement le texte d'un psaume ou d'un poème, à la différence du plus ancien motet choral, sans instrument obligé, ou du concerto choral, avec instruments. Et c'est surtout vers le milieu du XVIIème siècle que ce genre connut sa première fortune. Ce double album nous présente un large panorama de ce genre, illustré par des compositeurs connus, comme Buxtehude ou Pachelbel, mais surtout d'autres beaucoup moins connus, plus âgés que Bach d'une ou deux générations, et dont beaucoup sont restés inédits. C'est donc à un genre presque tombé en désuétude qu'en 1708, à Mülhausen, Jean-Sébastien Bach donna un nouvel éclat avec sa cantate de Pâques "Le Christ gît dans les liens de la mort". Le texte de cette cantate suit strictement le poème du cantique que Luther avait adapté du "Victimae paschali laudes", poème du XIème siècle. La cantate commence avec une sinfonia instrumentale qui introduit le première ligne de la mélodie. Les sept strophes sont traitées en sept mouvements comme autant de variations chorales, avec la mélodie toujours présente en tant que "cantus firmus". Tous les mouvements sont en mi mineur, chose rare chez Bach. L'ensemble Arpa festante dirigé par Cristoph Hesse, avec les chanteurs au premier rang desquels la grande soprano autrichienne Miriam Feuersinger nous donnent de toutes ces cantates chorales une belle interprétation, très émouvante, portant à la méditation. (Marc Galand)  The 12 vocal works on this new double CD with L'arpa festante follow without exception the type of the choral cantata "per omnes versus", i.e. a type in which (almost) all the verses of a chorale poem are set to music, and represent a representative cross-section of the most diverse composers. This genre is to be distinguished from a cantata with chorale, which is characterised by a mixture of different texts. It is also distinguished from the historically older chorale motet, which does without obbligato instruments, and from the chorale concerto, which is often through-composed. The "heyday" of the chorale cantata "per omnes versus" mentioned at the beginning lies in the period after the Thirty Years' War until shortly after 1700. After that, the chorale - including the chorale poem - loses its importance; it is only with Johann Sebastian Bach that the chorale is given a new, pre-eminent position in the church music of his time, albeit under changed stylistic conditions.
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