Bohuslav Martinu (1890-1959)
La Passion grecque, H 372 (The Greek Passion), opéra en 4 actes

Gabor Bretz, basse (Prêtre Grigoris)
Sebastian Kohlhepp, ténor (Manolios)
Sara Jakubiak, soprano (Katerina)
Charles Workman, ténor (Yannakos)
Christina Gansch, soprano (Lenio)
Matteo Ivan Rasic, ténor (Andonis)
Matthäus Schmidlechner, ténor (Michelis)
Alejandro Balinas Vieites, basse (Kostandis)
Julian Hubbard, ténor (Panait)
Aljoscha Lennert, ténor (Nikolio)
Helena Rasker, contralto (Une vieille femme)
Luke Stoker, basse (Le Patriarche)
Robert Dölle, rôle muet (Ladas)
Lukasz Golinski, baryton-basse (Prêtre Fotis)
Scott Wilde, basse (Un vieil homme)
Teona Todua, soprano (Despinio)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
Maxime Pascal, direction
Simon Stone, mise en scène

"The Greek Passion" d’après la traduction anglaise du Christ recrucifié de Nikos Kazantzaki est une réussite totale. L’épais roman est condensé en à peine deux heures et quatre actes joués sans interruption. À la dimension éminemment spirituelle de l’œuvre avec le trio formé par le pope Grigoris, le prêtre Fotis et le berger Manolios en Christ rédempteur, s’ajoute la tentation de la chair avec Lenio et Katerina amoureuses de Manolios et la passion pour les réfugiés en lien direct avec les bouleversements de notre monde actuel. Eleni Samios-Kazantzaki, seconde épouse de Kazantzaki, confiait d’ailleurs en 1982 "Ainsi le roman de la Passion du Christ est-il devenu en même temps le roman de la passion des réfugiés, de tous les réfugiés, de tous les déracinés de la terre (…)". La mise en scène de Simon Stone est un modèle de lecture respectueuse des intentions des deux auteurs, chose rare de nos jours. Tout est lisible, immédiat, sensé. Les chœurs sonnent parfaitement, les scènes de foules impressionnent comme le dénouement tragique d’une rare violence. Distribution sans faille et investie de tous les artistes. Maxime Pascal fait foisonner avec un maximum d’expressivité la belle partition du maître tchèque. Une œuvre maîtresse du répertoire à voir et à revoir. (Gérard Martin)

On gouttera, ou pas, la transposition version exil et réfugié par quoi Simon Stone aura réduit la parabole de Kazantzakis, seule chance pour le public devenu de Salzbourg d’accepter d’entendre du Martinu, peut-être eut-il préféré Juliette. Bernique, en tous cas le spectacle a plu, hyperprimé, et gouté même des spécialistes. Ceci dit, et malgré des bémols tout personnels, Stone rend justice à la dramaturgie, et tant mieux. Ceux que cette vision réductrice aura agacés seront remboursés côté musique. D’abord le geste expressif mais sans aucun relâchement de Maxime Pascal magnifie des Wiener Philharmonie qui savourent les épices de la grammaire "martinienne". Décidément c’était à Salzbourg l’année des français, Pichon pour les Nozze, Pascal pour La "Passion grecque", qu’y s’en plaindrait ? Distribution parfaite dominée par Charles Workman, Yannikos étreignant, mais Manolos selon Sebastian Kohlhepp aura pour beaucoup été la révélation de cette résurrection où brille aussi l’opulent soprano de la sensuelle Katerina de Sara Jakubiak. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Bohuslav Martinu’s opera The Greek Passion, here in the 1961 version, is based on the novel The re-crucified Christ by Nikos Kazantzakis. The opera develops the Christian doctrine of “love thy neighbour” ad absurdum, as a group of refugees are driven out of a little Greek village just as the village is putting on a Passion play for Holy Week. The opera is a pessimistic plea for humanity, made in the awareness that humanity must always wrestle anew with its own egoism. Director Simon Stone “creates a modern parable, somehow both contemporary and timeless.” (The Times) For the last of his 16 operas, Martinu developed a tonal language which combined his early musical experiences with elements of Greek folklore, Greek Orthodox liturgy and dance music. Maxime Pascal, the 2014 winner of the Salzburg Festival’s annual Young Conductors Award and at the podium of the Wiener Philharmoniker for the first time, “unfolds a musical and dramatic intensity that makes your hair stand on end, both in the tender outbursts and the violent ones. A maestro of his time.” (Le Figaro)