Né près de Coburg (1749), Johann Nikolaus Forkel conquit sa notoriété en étant le premier biographe de J.S. Bach (1802) et en formalisant le cursus académique des études musicales : pratique instrumentale, théorie musicale, critique musicale, bibliographie musicale, histoire de la musique et pratique de l’édition. Polymathe (philosophie, philologie, mathématiques), il devint Recteur de l’Université de Göttingen, où il mourut en 1818, tout en développant son œuvre de compositeur : oratorio, cantates, lieder, symphonie et 22 concertos pour clavecin ou pianoforte jusqu’en 1788 puis pianoforte obligé et orchestre depuis 1789. Les quasi 70 ans de la vie de Forkel virent évidemment de profondes transformations de la facture instrumentale et de l’esthétique musicale, et on peut comprendre que, si son œuvre théorique et méthodologique laissa subsister son nom dans le souvenir des contemporains de Beethoven et Schubert, ses propres compositions tombèrent vite dans l’oubli. Tout l’intérêt de cet enregistrement, dans le genre du concerto pour clavier et orchestre incluant cuivres, bois et percussion, est de nous aider à une réévaluation de sa manière, car, il faut l’avouer, en dépit de l’extrême qualité des interprètes et, notamment, du jeux subtil et spirituel de Tobias Koch, sur un très bel instrument de 2007 d’après Anton Walter, capté de très près, il est difficile d’identifier là un style. Les quatre œuvres retenues évoluent dans les tonalités majeures de Sol, Si bémol, La et Do. Le concerto en Sol, qui commence par une introduction lente, est probablement le plus abouti des quatre, avec un rondo finale plein de verve. Dans ces interprétations soignées, l’auditeur appréciera la manière ingénieuse avec laquelle Forkel marie la pratique instrumentale rigoureuse de l’Allemagne du Nord avec les originalités du traitement de la forme sonate qui se font jour dans l’Allemagne du Sud. Une initiative qui mérite d’être connue. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) When the name Johann Nikolaus Forkel (1749-1818) is mentioned today, the first thing that comes to mind is the early career of the great Johann Sebastian Bach, who was taught by this hardworking, ingenious man from Upper Franconia. Beyond this, musicologists regard him as the "founder of advanced modern musicology", which, according to a widespread prejudice, is associated with a lack of creativity. But this is far from true. Forkel, who was a professor in Göttingen for many years, has left us with a splendid body of work, including the four piano concertos recorded here for the first time. Although they follow classical lines, there are many moments of enchanting music, and the slow movements are expressive and poignant. Tobias Koch, one of the most outstanding specialists for historical keyboard instruments, and the Kölner Akademie under Michael Alexander Willens.
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