 Le cas Hans Winterberg (1901-91) est pour le moins étrange : né à Prague comme juif tchèque allemand des Sudètes, il est peut-être le seul compositeur à avoir été interdit par les nazis, à s’être marié quatre fois du fait des circonstances historiques imposées par ces derniers, et à avoir vu sa musique négligée bien avant sa mort, puis plus ou moins oubliée pendant une cinquantaine d’années… Survivant du camp de concentration de Terezín, où il avait été interné, Winterberg s'était installé à Munich dès 1945 en tant que citoyen allemand, pour y vivre dans des conditions précaires — éditeur indépendant à la Bayerische Rundfunk — tandis qu’il continuait de composer dans une indifférence générale, et sans réelles opportunités de reconnaissance. Après la mort du compositeur, Christoph, fils de la troisième épouse, Luise Maria Pfeiffer, que Winterberg avait adopté, vendit en 2002 son catalogue d'œuvres à l'Institut de musique de l'Allemagne des Sudètes, à la condition qu'il reste sous embargo et ne voie pas le jour avant 2031. Ce n’est qu'en 2015, au terme d’une longue procédure défendue par Randol Schoenberg, petit-fils d’Arnold Schoenberg et d’Erich Zeisl, que le petit fils naturel de Winterberg, Peter Kreitmeir, issu de Ruth, fille du premier mariage avec Maria Maschat, réussit à obtenir que le catalogue soit enfin publié et joué. On s’aperçut alors que les œuvres de Winterberg consonnent magnifiquement avec celles de ses contemporains, Martinu, Haas, Klein, Schulhoff. Ce second album de sa musique révèle ainsi une voix inhabituelle et individuelle, un mélange idiosyncratique de Stravinski, Janácek et Hindemith, avec des touches de Poulenc, souvent exprimé avec un humour cassant et une indéniable verve rythmique. Avec des interprètes de la qualité d’Holger Groschopp et ses invités, nous avons là toutes les meilleures raisons de découvrir un compositeur rare dont l’existence reste un étonnant puzzle. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Hans Winterberg, born in Prague in 1901, studied with Alexander von Zemlinsky and Alois Hába. He worked as a conductor, pianist and composer until the annexation of the Czechoslovak Republic by Nazi Germany in 1939. As the scion of a Jewish family that had lived in Prague for centuries, he survived - after forced labor and deportation to Theresienstadt - through a series of miracles. After the Communists came to power in Czechoslovakia, he moved to Germany. His compositional legacy, locked away for years in a German music archive, has only been rediscovered in recent years. Winterberg combines various influences in his music to create an original and exciting personal style. He takes up stylistic elements of Janácek but is also influenced by the Second Viennese School and French Impressionism. He saw himself as a bridge-builder between the cultures of Eastern and Western Europe. eda records dedicates a focus to this important Czech-Jewish composers of the generation of the so called “Terezin composers” alongside Ullmann, Krása and Haas. Further chamber music recordings and the complete works for piano with pianist Jonathan Powell will follow.

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