Due aux deux interprètes, une notice érudite vous permettra de faire connaissance (si vous lisez l’italien ou l’anglais) avec Unia, « pianiste du roi d’Italie ». Pour ma part, j’avoue que j’ignorais tout de cet élève de Hummel, adorateur de Schubert et évident épigone de Liszt. De ce dernier, les œuvres présentées ici pour la première fois au disque retiennent le vocabulaire du « broyeur d’ivoire » romantique : lourdes pluies d’accords et octaves martelés, ruissellements d’arpèges brisés et de gammes traversant tout le clavier (son op. 100, absent ici, ne s’intitule pas pour rien « l’école des arpèges ») … Unia n’a hélas pas le génie de ses modèles et se révèle plutôt un pianiste de salon pour la haute société italienne, très préoccupé de briller. La dialectique des titres le confirme : tout n’est que « grand », « brillant », « diabolique », « pathétique » ou « sentimental ». Exercices obligés également, les fantaisies et paraphrases sur des airs d’opéra ou les danses de salon dédiées à de riches élèves (ou à leur chien, d’ailleurs). Les deux pianistes (spécialistes de Liszt et « consorts ») ne s’épargnent pas, dans des styles légèrement différents : pour Génot un registre assez uniformément héroïque (il me semble parfois frôler le précipice dans la Fantaisie sur Ernani) et pour Vigna-Taglianti une distinction un peu distante. Mais peut-être un peu de légèreté et de second degré n’aurait-il pas fait de mal. Une découverte qui ravira les admirateurs de ce romantisme-là et du pianisme athlétique. (Olivier Eterradossi) At last it is possible to present to the public the first monographic recording of works by Giuseppe Unia, who in the eighteen-sixties could boast the title of “court pianist-composer to His Majesty the King of Italy”, like his better-known colleague Hans von Bülow, court pianist to Ludwig ii of Bavaria and his friend Alfred Jaëll, pianist to the King of Hannover. Giuseppe Antonio Unia is one of the many Italian musicians whom history – or, should we say, time – has separated from us with the thin veil of oblivion. Yet his more than two hundred publications for publishers such as Ricordi, Canti and Vismara testify to a considerable degree of success, and the dedications of his works show that his friends were important people, both from a social point of view and from an artistic one. The pianists Massimiliano Génot and Andrea Vigna Taglianti here are proposing a careful selection of the piano works by Unia, fully reflecting the style and musical taste of Europe of his time, of which he was a profound connoisseur thanks to his numerous artistic experiences in Italy, Paris and Vienna.
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