Andrea Gabrieli (Venise, 1533-Venise, 1585) est le musicien vénitien le plus important de la deuxième moitié du XVIème siècle. Actif dans les domaines de la musique vocale et instrumentale, profane et sacrée (400 œuvres), il a également été un professeur influent et a joué par son enseignement un rôle dans la diffusion de la musique italienne au nord des Alpes, en Allemagne du Sud en particulier. Il est organiste à Saint-Marc de Venise à partir de 1566, poste le plus prestigieux du nord de l’Italie. Fortement influencé par son prédécesseur Adriaan Willaert, il a également rencontré Roland de Lassus lors d’un voyage en Allemagne, et l’influence de ce dernier est sensible dans son œuvre. Sa musique vocale sacrée mêle fréquemment deux ou plusieurs chœurs, qui dialoguent entre eux, parfois remplacés par des ensembles instrumentaux cohérents. Dans ses motets religieux, il abandonne l’écriture entièrement horizontale au profit d’une orientation plus verticale, où les motifs soumis à l’imitation sont brefs. Dans son écriture sobre les effets de madrigalisme sont rares. Dans le psaume 6, « Domine ne in furore tuo », l’imitation contrapuntique est peu employée, et loin d’être systématique. Les phrases sont séparées par des cadences permettant une articulation bien perceptible du discours. Gabrieli crée la variété musicale en choisissant de changer fréquemment de motif mélodique plutôt que de chercher à les exploiter de façon exhaustive. L’autre caractéristique typique de son style est sa science du rythme. Il accélère ou ralentit le discours à son gré. Son œuvre pour orgue est moins novatrice, mais témoigne de sa haute maîtrise du contrepoint. L’ensemble Weser-Renaissance Bremen, fondé en 1993 par Manfred Cordes, chef, musicologue et enseignant, nous avait déjà offert en 1999, au sein d’une impressionnante discographie qui explore les musiques des XVIème et XVIIème siècles, des œuvres profanes (madrigaux et chansons) d’Andrea Gabrieli. Ce remarquable CD complète donc notre connaissance de ce grand compositeur, pas encore assez connu. (Marc Galand) On their first CD featuring madrigals and canzonettas by Andrea Gabrieli, the WESER RENAISSANCE ensemble led by Manfred Cordes was already in its element. On SWR2 Radio Michael Stegemann commented: »A most highly entertaining and successful CD. Perfect balance in the mixture of singers and winds, audio transparency of the polyphonic structures, great textual intelligibility.« And on the ensemble’s second Gabrieli CD, now with madrigals, psalms, and organ works by this master delighting so much in experimentation, his intention and wish to offer intelligent entertainment to his fellow human beings are clearly shown. By 1566 at the latest, Andrea Gabrieli was appointed to the coveted post of organist at St. Mark’s Cathedral, and already during his lifetime he was esteemed in particular because of his enormous versatility.
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