Il aura fallu attendre la fin du XXe Siècle pour que le Concerto d’Elgar s’impose comme le chef d’œuvre qu’il est, vaste triptyque capricieux où le violon ne cesse jamais de chanter et de fuser. Pourtant Menuhin fut très tôt son héros, adoubé par le compositeur lui-même. Mais l’œuvre qui possède son propre tactus et ne se livre pas aisément aura fourvoyé un virtuose du calibre de Jascha Heifetz, c’est assez dire à quel point elle sait échapper. Je n’y attendais pas Thomas Albertus Irnberger, si naturellement versé dans les œuvres de son univers culturel, de Mozart à Martinu, de Beethoven à Bartók, qu’allait faire cet artiste si Mitteleuropa dans le plus strictement anglais des concertos ? Surprise, dès l’Allegro la franchise de l’archet, la plénitude des phrasés, le ton enfiévré emportent tout, d’autant que James Judd fait dresser au Royal Philharmonic Orchestra des tempêtes sonores : c’est un Turner en musique, exactement celui de l’illustration de l’album. Dans ces paysages fuligineux le jeune violoniste autrichien ose tout, cravache son instrument, l’abrase, l’enflamme. Dans l’Andante, musique sublime qui disparait peu à peu dans un éther de cordes, il raffine sa sonorité, l’exauce par la pureté de l’intonation. Manière de nous préparer à un finale capricioso, diabolique de précision, d’un brio fou. Bravo. Et ce n’est pas tout : avec le piano subtil de Korstick (écoutez l’Andante magique) Thomas Albertus Irnberger a la bonne idée d’ajouter la Sonate composée durant l’été et l’automne 1918, première partie d’un triptyque chambristes qu’il entendait dédier à une amie, Marie Joshua, disparue alors qu’il n’avait pas encore achevé l’œuvre. Le ton appassionato et souvent douloureux de cette magnifique partition trop rarement enregistrée où passent les ombres de la guerre aurait-il trouvé son plus bel interprète depuis Yehudi Menuhin ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Edward Elgar, the most prominent representative of the British Empire in music, completed his violin concerto, which was commissioned and premiered with great enthusiasm by Fritz Kreisler, in 1910. It is said that Elgar never spoke emotionally about his own music – with the striking exception of this one work, about which he uttered the words “I love it“. Violinist Thomas Albertus Irnberger from Salzburg, Austria, presents this popular work here with the London Royal Philharmonic Orchestra under the baton of James Judd in a particularly beautiful interpretation which pays special attention to the tempo indications noted on Elgar’s score. In addition, Elgar’s sonata for violin and piano will be heard on this SACD, also featuring Irnberger in collaboration with the great German pianist Michael Korstick.
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