 Tchaikovski idolâtrait Mozart, mais rapport au romantisme allemand, on songerait d'abord à Brahms. Et comme on s'est demandé si l'on pouvait aimer ce dernier, au risque de fâcher nos lecteurs et jusqu'au jeune Rachmaninov subjugué par son aîné, osons ceci : aimez-vous Tchaikovski chambriste ? Discipline qui ne fut pas sa première obsession, et où l'on peut se lasser de cette pâte un peu monocorde dont nous frappe l'essence purement symphonique. Son biographe Ivan Knorr, nous ne sommes donc pas seul, parlait lui aussi d'une "nostalgie de l'orchestre". Dans ce tissu sonore qui fluctue en procédant par nappes, peu d'inventivité polyphonique entre quatre partenaires. Les trois quatuors sont nés dans une courte période. Le premier, d'un classicisme assez viennois, commence comme dans un bourdon instrumental. Son second mouvement fit sangloter jusqu'à Tolstoï, avec cet air ukrainien "Vanya s'assit sur le divan" entendu siffler dans la rue par un ouvrier (ce qui rappelle à rebours Ravel et son thème du Boléro...). Le deuxième quatuor, qui coula comme de source, renoue avec cette émotivité extravertie que ses éternels détracteurs nomment sentimentalisme, et confirme l'importance stratégique du mouvement lent. Le troisième quatuor est élégiaque, avec cet andante funèbre (et ce chant orthodoxe) en mémoire du violoniste disparu Ferdinand Laud. Et trois ans avant la mort du compositeur lui-même, en adieu à la musique de chambre, le sextuor Souvenir de Florence sourit avec bonheur et gaieté dans l'ombre d'une relation platonique fort distante avec la riche veuve et mécène Nadezhda von Meck. Tout cela survolé avec maîtrise par le toujours excellent quatuor Danel. (Gilles-Daniel Percet)  Between the operas and ballets, the symphonies, tone poems, and concertos, and the songs and piano miniatures representing most of the significant entries in Peter Ilyich Tchaikovsky’s work catalogue, the major genres of string chamber music register their presence as a salient minority. However, these works merit our full attention because they range over practically the whole of Tchaikovsky’s compositional horizon – from the rising of his creative sun to its premature setting. The Quartet Movement in B flat major from his final years as a student already attests to his narrative ambitions as a composer. Between 1871 and 1876, in his three full-size quartets, he then succeeded in producing a compelling synthesis consisting of discipline and boundless imagination, folkloristic nuances and individual expressivity, and transparency of compositional technique and impassioned communicativeness. In 1890, riding on the wave of his last worldwide opera success (The Queen of Spades), Tchaikovsky drew on his memories of Florence for his String Sextet, in order to cross over the border separating chamber music from symphonic music. The dreams and passions captured in this powerful work, its wealth of ideas, and its pure joie de vivre end up calling into question all the speculations concerning the circumstances surrounding his unfortunate death.

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