Serge Prokofiev (1891-1953)
Suite de ballet "Romeo et Juliette", op. 64

Ralph Vaughan Williams (1872-1958)
Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis

Arnold Schoenberg (1874-1951)
La Nuit transfigurée, op. 4 (Verklärte Nacht)

New York Symphony Orchestra
The Strings of the New York Philharmonic
Dimitri Mitropoulos, direction

Ces gravures stéréo de 1957 et 1958 sont des incunables de la discographie. Publiées à de plusieurs reprises – notamment au sein de l’intégrale Sony Classical, consacrée à Mitropoulos – ces archives étonnent aujourd’hui encore par l’engagement et la prise de risques du chef et de l’orchestre. Dans l’assemblage des divers numéros de "Roméo et Juliette" de Prokofiev, chaque phrase vibre avec une intensité inouïe. Mitropoulos emballe les pupitres, leur insuffle une sorte de folie collective. L’orchestre entre littéralement en fusion, passant des expressions de la révolte à la dépression et jusqu’à la solitude. La clarté de la prise de son notamment sur les multiples interventions solistes est un modèle du genre. La structure polyphonique originale de "La Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis" rend hommage aux timbres de La Renaissance tout en témoignant de l’influence de Ravel. Deux orchestres à cordes (l’un est plus important que l’autre) et un quatuor à cordes sont réunis. L’équilibre entre ces masses provoque des effets sonores qui s’inspirent de la technique du madrigal mais avec un langage harmonique contemporain particulièrement raffiné et complexe. Mitropoulos souligne avant tout la richesse des timbres, l’intensité lyrique de la partition qu’il dirige à la manière d’un hymne grandiose. La version de la "Nuit transfigurée" s’inscrit parmi les plus belles de la discographie aux côtés de celles de Karajan, Boulez et Chailly. Là encore, le grain des cordes est au service du poème de Dehmel qui traverse tous les sentiments humains. Mitropoulos transforme cette page géniale en un opéra sans paroles. (Jean Dandrésy)