Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie n° 9 en do majeur, D 944 "La Grande/ Richard Strauss (1864-1949)
"Till Eulenspiegels lustige Streiche", op. 28

Wiener Symphoniker
Josef Krips, direction

Josef Krips aura gravé deux fois la 9e de Schubert pour Decca, un premier essai avec les splendeurs du Concertgebouw s’écoutait un brin trop, à revers le remake avec les londoniens filant, alerte comme Mercure : il était poussé des ailes au plus viennois des chefs d’orchestre, le paradoxe est bien que cela se soit produit en studio avec le LSO. Une captation en concert pouvait-elle rebattre les cartes ? En ce soir d’aout 1972, avec ses chers Wiener Symphoniker, un sourire supplémentaire dore un fabuleux Scherzo, viennois au point d’en métamorphoser toute la symphonie, de son "Allegro ma non troppo" d’un sombre romantisme à l’envol solaire d’un final irrésistible, sans plus rien de martial, une autre apothéose de la danse. Mais écoutez aussi le chant si pur de l’Andante. L’évidence même qui ferait accroire que l’art de Josef Krips ne rayonnait à plein qu’avec les viennois, ce qu’un "Till Eulenspiegel" vif argent, si proche de celui confié au disque par le compositeur, confirme. Tant d’autres concerts de Josef Krips et des Symphoniker attendent d’être révélés, de quoi faire une belle boite…(Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Les deux œuvres ont été captées par la Radio autrichienne lors du concert du 8 août 1972 du Symphonique de Vienne à la Stadthalle de Bregenz, concert placé dans le cadre du célèbre festival. Le chef autrichien Josef Krips (1902-1974) avait acquis un surnom auprès des orchestres qu’il dirigea : le “bienveillant despote”. Il fut notamment le chef attitré de l’Opéra de Vienne en 1933 puis quitta l’Autriche lors de l’Anschluss. A partir de 1945, il travailla à la reconstruction de la vie musicale à Vienne. Les gravures d’après-guerre témoignent d’un travail exceptionnel avec les formations viennoises, qu’il s’agisse des Wiener Philharmoniker ou, dans le cas présent, des Wiener Symphoniker. Il assura la direction de la formation entre 1970 et 1973, succédant ainsi à Wolfgang Sawallisch. Le "Till Eulenspiegel" que nous entendons est dirigé "à la serpe", superbe d’intensité dans la grande tradition viennoise, mais à laquelle il manque un brin d’esprit parodique. On peut légitimement préférer, en ce début des années soixante-dix, Kempe avec Dresde et Karajan avec Berlin. Plus marquante est la lecture de la Symphonie "la Grande" de Schubert. Que ce soit dans cette œuvre en monophonie avec le Concertgebouw d’Amsterdam ou dans une superbe stéréophonie avec le Symphonique de Londres, Krips souligne également à Vienne, la richesse du matériau musical qui interdit toute baisse de tension. Sans pathos, la lecture "avance" superbement à l’image de la marche fataliste du deuxième mouvement. Le Scherzo à peine appuyé et si chantant fait songer aux scherzos de Bruckner. Krips prépare ainsi l’auditeur à la vitalité dionysiaque du finale et l’orchestre joue avec un plaisir évident cette œuvre annonciatrice des fantastiques explorations sonores de Mendelssohn. (Jean Dandrésy)