 L'enregistrement des Sonates pour viole de gambe de Bach (BWV 1027-1029), transcrites pour violon, violoncelle et contrebasse, offre une perspective rafraîchissante sur ces œuvres souvent éclipsées par les célèbres suites pour violoncelle. Sous la direction du violoncelliste Johannes König, accompagné de la violoniste Meghan Nenniger et du contrebassiste Jean Hommel, cette interprétation sur instruments modernes s'inspire des pratiques historiques, tout en évitant le dogmatisme. L'arrangement en trio à cordes permet une exploration dynamique et nuancée des sonates, contrastant avec la version originale pour viole de gambe et clavecin, où la gambe domine. Ici, chaque voix est mise en valeur, offrant une conversation musicale équilibrée. Le jeu de König, Nenniger et Hommel est marqué par une musicalité raffinée et une interaction harmonieuse, mettant en lumière la polyphonie complexe de Bach. L'ensemble capture l'esprit expérimental de Bach, avec une ornementation authentique et un vibrato minimal, rendant hommage à la flexibilité pragmatique de Bach en matière d'instrumentation. Ce disque est une contribution précieuse à la discographie de Bach, offrant une interprétation à la fois historiquement informée et innovante. Une écoute indispensable pour les amateurs de musique baroque. (Mathieu Niezgoda)  Les Sonates pour viole de gambe de Bach ont ont été composées à Köthen dans les années 1720 pour quelques amis gambistes dont Abel et le prince Léopold. Elles sont assez différentes de facture et n’ont d’ailleurs pas la même source manuscrite. Deux sonates d’église en quatre mouvements et la dernière en trois, plus chambriste. Si le violoncelle a souvent remplacé la viole de gambe, cette adaptation pour violon, violoncelle et contrebasse est une première. Le trio Meghan Nenniger/Johannes Konig/Jean Hommel la justifie dans sa présentation par le fait que le clavecin comporte deux voix distinctes, main gauche et main droite, et donc une véritable architecture polyphonique en trio. Le résultat sonore quant à lui laisse mitigé. La contrebasse apparaît ici comme un invité un peu encombrant, l’instrument lui-même sonne plutôt dix-huitième et est peu usité dans la musique baroque. La fluidité, l’articulation même de l’ensemble s’en trouve empesée d’où la difficulté de faire lever la pâte dans les mouvements lents (L’Andante de la Sonate BWV 1028 les pieds dans la boue) On aurait aimé aussi un peu plus de swing, de walking bass dans les Allegro (Vivace de la BWV 1029). Cela dit, si l’on préfère de loin la version originale, il s’agit d’une expérience chambriste plutôt sympathique et la musique de Bach souffre rarement à être transcrite. (Jérôme Angouillant)  Johann Sebastian Bach's three "Gamba Sonatas" (BWV 1027-1029) may be among his best-known works, but in contrast to their popularity, we know little concrete informaion about their composition and possible dedications. A version for three string instruments could appear somewhat unorthodox at first glance, but may in fact be a little closer to its presumed origin. And although the string trio led by cellist Johannes König plays on modern instruments, its interpretation is inspired by insights from historical performance practice. With its version of the "Gamba Sonatas", the ensemble wishes to contribute to a historically informed, yet undogmatic and diverse performance that emulates Bach‘s own joy in experimentation.
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