Ses opéras brillants mettant des notes sur les mots de Goldoni auront fait son succès de son vivant et surtout sa fortune posthume, reléguant dans une ombre de plus en plus relative les autres domaines de son catalogue, mélodies, œuvres symphoniques, la musique de chambre étant enfin redécouverte ses dernières années. L’ambigüité de son art s’y concentre, génie mélodique tout ultramontain, mais porté dans une écriture savante qui regarde vers Brahms, vers l’Autriche, dont le grand Quintette de 1900, entre pur lyrisme et déclamation, pourrait être le symbole. Magique dés son entrée où le piano égrène un soleil brillant mais nostalgique, motif qui donnera au premier mouvement ce ton de pur magie. La Canzone, commencée par le violoncelle, déploie des sombres un peu funèbres mais pourtant sensuelles, Capriccio mendelssohnien en guise de scherzo, Finale emporté, le nouveau siècle n’aura pas suffi à détourner Ermanno Wolf-Ferrari de son univers vénitien fait de songes et de fééries dont le piano orchestral de Costantino Catena distille la poésie au cœur d’un quatuor que l’œuvre inspire. Une inquiétude parait dans les deux autres opus, petit Duo à deux instruments à cordes un rien fébrile, mais surtout dans la Sonate de violoncelle de 1945, méditation prolongée dans les deux premiers mouvements, final plus classique, partition un peu étrange, subtilement incarnée par Amedeo Cicchese et Constantino Catena, restée inédite jusqu’à peu et comme le Duo enregistrée en première mondiale. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) C'est, pour l'auteur de ces lignes, un objet musical non identifié que cet enregistrement donne à écouter. Trois oeuvres d'un compositeur vénitien, d'ascendance paternelle germanique, ayant écrit la plupart de sa production durant la première moitié du XXème siècle et dont l'auditeur non prévenu situerait la création vers les années 70-80 du XIXème, une sorte de cousin de Johannes Brahms qu'auraient éclipsé ses contemporains. Passé le moment de la surprise, et s'étant affranchi d'une normativité assignant à chaque époque de l'histoire de la musique des styles ou des modèles caractéristiques, force est reconnaître, sans précaution de convenance, le plaisir éprouvé à l'écoute de pièces riches de belles idées mélodiques et de figures rythmiques entraînantes. La texture sonore est légère, souple, parfois diaphane et l'écriture d'une grande finesse. Les cadres formels du Quintette écrit en 1900, comme celui de la Sonate datée de 1945, sont ceux hérités du classicisme et du romantisme, et l'écriture résolument tonale, mais nulle contention dans ce choix. Le compositeur a trouvé là le type d'expression qui lui convient et dans lequel il peut exceller. Le Quartetto Guadagnini et le pianiste Costantino Catena ont su retrouver l'élan qui anime des partitions dont certaines viennent tout juste d'être éditées et faire renaître une création, certes anachronique dans une conception trop simpliste de l'histoire de l'art, mais qui s'expose dans sa sincérité. Leur réalisation est tout à fait remarquable et digne des meilleures formations de musique de chambre. Ils nous procurent l'illusion heureuse de jouer des oeuvres du grand répertoire. La surprise est fort plaisante et l'éditeur sera loué pour en avoir pris le parti. (Alain Letrun) Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948) is a composer difficult to classify. As the son of a German father and an Italian mother from an aristocratic family, he was born in Venice and went to study in Munich. He became famous as a composer for the stage with works such as Il Segreto di Susanna and I gioielli della Madonna. His name is now emerging from the shadow cast by his wartime collaboration with Italy’s Fascist regime, and a series of albums on Brilliant Classics have revealed his gifts as a composer of chamber and instrumental music, including violin sonatas (96093), piano trios (95624) and a sequence of his piano works (95868). Following on from the piano trios, the Piano Quintet Op.6 dates from 1900. Some of the cantabile melodies may remind us of Brahms, and the delicately embroidered harmony of Hugo Wolf, but Wolf-Ferrari’s characteristic sweetness of tone does not descend into decorative mannerism or affected sentimentalism: he was, to the core, a German-Italian composer with a foot on both sides of the Alps. More than any other of his early chamber works, the Piano Quintet successfully embodies his declared aim as a composer, to create a “universal beauty” where no rules apply, but only a feeling of well-being and sensuousness – especially in the ebullient Scherzo and Trio. The Cello Sonata (1945) and Duo for violin and cello (1946) share the Romantic language of his early chamber music, but now refined by an escapist mode of neo-classicism, particularly in the lively dialogue of the Duo. The Cello Sonata is imbued with a gentle radiance throughout its brief, traditionally structured quarter-hour duration, drawing on a nostalgic vein of expression which comes naturally to the cello, and including literal echoes of Brahms in the slow movement. Previous albums in this Brilliant Classics series have also featured Italian pianist Costantino Catena, of whom the Italian classical magazine Amadeus wrote: ‘A pianist rare in his generation, in him shining above all the art of singing on the keyboard with an inventiveness of phrasing that demonstrates his exquisite musical intelligence.’
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