 Dans l’œuvre de Lalo s’est écrit le romantisme classique français. Un style qui en musique serait l’équivalent de celui de Manet en peinture. Une sorte de perfection des formes qui n’exclut pas les aventures de la facture, les inventions du langage. Le génie de Lalo s’épanouit également au salon. Il avait une prédilection pour le trio avec clavier, forme qu’il poursuivit de sa jeunesse à sa maturité. Des Trios ? Des symphonies ! Ecoutez seulement l’ultime , celui de 1880, son ton sombre rappelle que Schumann était l’idole des compositeurs français d’alors : Lalo déclarait volontiers « L’Allemagne est ma vraie patrie musicale ». Cela s’entend dans les trios plus que dans toutes ses autres œuvres, ils résonnent tout trois comme des manifestes pro-germaniste, guère éloignés en cela des opus de l’autre grand maitre de la nouvelle musique de chambre d’alors, Alexis de Castillon. Les membres du Trio Leonore ont tout compris de ce triptyque qui au travers des décennies affirme un langage altier, libre aventureux, écoutez seulement les accents symphoniques qu’ils mettent au Presto du Troisième trio, rappelant qu’à l’exemple de Beethoven, Lalo était un maitre du Scherzo. Disque parfait, qui par la qualité de ses musiciens, surclasse les propositions précédentes signées par le Barbican Trio (ASV) ou le Trio Parnassus (MD+G) (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  Loin des salonnarderies opératiques en vogue, Lalo, refusé au conservatoire de Paris comme élève puis professeur, ne suivit que sa propre personnalité, appelant l'Allemagne sa ''patrie musicale''. Il détestait Brahms mais vénérait Schumann... lequel composa lui aussi trois trios, dont le dernier pareillement tardif et vrai chef d'oeuvre. Il eut cependant l'appui financier de Gounod, et son ballet Namouna fut admiré par le jeune Debussy et Dukas. Surtout, membre du quatuor de son ami Armingaud, il ouvrit la voie en musique de chambre avec également un quatuor et une sonate violon-piano, créée par Sarasate et Bizet ( !) à la nouvelle Société Nationale de Musique, promotrice de ''l'ars gallica''. Incroyable, son premier trio fut refusé par les éditeurs comme ''trop avancé'', difficile, d'avant-garde. Son lyrisme encore d'élève est parfaitement rendu ici (la Romance) après une entrée de jeu un peu trop réservée (l'Allegro moderato). Le deuxième, déjà mature, sonne le plus schumannien par ses brisures rythmiques (l'Andante). Presque trente ans après vint enfin le troisième. Guirlande passionnée, en somme, d'un veuf sexagénaire à sa seconde épouse Julie. Epoque aussi d'une légion d'honneur que cette musique réclamait pourtant de moins en moins. L'acmé, après l'étreignant appassionato, c'est ce surprenant et frénétique Presto (Lalo, satisfait, l'orchestra plus tard). Il sonne ici un peu trop fougueux et martelé pour qui l'entendrait plus arachnéen, tendance scherzo mendelssohnien ou du quatuor de Franck. Et devant ce Très lent d'une hauteur méditative quasi fauréenne, dire qu'un critique reprocha à Lalo de rester dans le ''wagnérisme, l'obscurité et les nuages'' ! Mais résumons, les intégrales enregistrées de ces oeuvres magnifiques ne sont guère qu'une demi-douzaine (les Parnassus, Florilège, Henry, Salomon, Barbican, plus un splendide troisième par le trio Jean Martin) et, malgré menues réserves, ces Leonore se classent tout près du sommet. (Gilles-Daniel Percet)  Édouard Lalo sat at one remove from the French Musical Establishment, eschewing both the back-scratching of the Conservatoire and its members’ impressionist ‘musiques parfumés’. Instead we have big-boned melody—material into which the expert members of the Leonore Piano Trio sink their bows and fingers with appreciative gusto.
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