Richard Wagner (1813-1883)
La Valkyrie (Die Walküre), drame lyrique en 3 actes

Anja Kampe, soprano (Brünnhilde)
Michael Volle, baryton (Wotan)
Robert Watson, ténor (Siegmund)
Vida Mikneviciute, soprano (Sieglinde)
Mika Kares, basse (Hunding)
Claudia Mahnke, mezzo-soprano (Fricka)
Clara Nadeshdin, soprano (Gerhilde)
Christiane Kohl, soprano (Helmwige)
Michal Doron, mezzo-soprano (Waltraute)
Alexandra Ionis, mezzo-soprano (Schwertleite)
Anett Fritsch, soprano (Ortlinde)
Natalia Skrycka, mezzo-soprano (Siegrune)
Anna Laprovskaja, mezzo-soprano (Grimgerde)
Kristina Stanek, mezzo-soprano (Roßweiße)
Staatskapelle Berlin
Christian Thielemann, direction
Dmitri Tcherniakov, mise en scène

Beaucoup attendait du "Ring" de Tcherniakov un scandale. Sa transposition quasi post-apocalyptique dans un immense laboratoire où va se jouer l’avenir ou la perdition de l’humanité n’aura pas déclencher les ires prévisibles. C’est que le spectacle fascine par sa direction d’acteur, la profusion de ses détails, l’intelligence des personnages. Aux mythes, Tcherniakov préfère les caractères, faisant ses Dieux plus humains que les humains eux-mêmes. Il faut dire qu’avec un acteur aussi consommé que Michael Volle, Wotan furieux, quasi damné ce qui s’éclaire lorsque l’on sait quel Holländer il fut, pivot de tout ce "Ring", l’affaire était entendue. La puissance de cette incarnation emporte tout, rappelant que l’autre Wotan du XXIe Siècle, Matthias Goerne, avait lui aussi hissé un "Ring" au niveau suprême. Volle inspire tous ses partenaires, à commencer par la Brunhilde d' Anja Kampe, rayonnante et blessée, sans les moyens phénoménaux d’une Nina Stemme, mais autrement lumineuse. Les Wälsungen sont fabuleux, Robert Watson Siegmund façon Vickers, Vida Miknevicuité ardente, touchante jusque dans son hallucination, et quel Hunding, patenôtre puis prêt à l’assassinat, comme Tcherniakov inspire à Mika Kares les gestes justes toujours en accord avec la musique. Quel Premier acte, quel Deuxième, quel Troisième où se noue le drame futur, quelle "Walküre" ! Pour la petite comédie du "Rheingold", l’ironie est omniprésente, mais la terreur aussi (saisissant ce Niebelheim), le travail d’équipe, pour la scène comme pour la musique, d’une précision fanatique, cette virtuosité ne nuisant jamais à la vérité des caractères : mordants à souhait les échanges entre Johannes Martin Kränzle et Stephan Rügamer, saisissante la prédiction d’Erda dans le noir mezzo d’Anna Kissjudit, et quelle surprise de trouver Rolando Villazon claironnant son Loge ! Sur tout ce théâtre Christian Thielemann étend un orchestre intemporel, comme en hiatus avec la modernité du spectacle croirait-on. Mais non, un équilibre suprême se crée entre la pureté de la fosse et la violence de la scène, achevant de faire des deux premiers volets de cette Tétralogie du Staatsoper unter der Linden une sacrée expérience. (Jean-Charles Hoffelé)

Raising the curtain on a work of superlatives: the Staatsoper Unter den Linden represents the ultimate challenge for any opera house, Wagner's "Der Ring des Nibelungen". Christian Thielemann conducts the Ring tetralogy, and Dmitri Tcherniakov, highly praised for his psychologically sophisticated productions, led the playful all-star ensemble coherently through the panorama of characters, situations and events that unfolded like a universe and consistently interpreted the sheer vastness and the manifold twists and turns of the Ring cosmos. With the “Walküre” score, composed in the mid-1850s, Wagner reached new heights with his music, giving the orchestra remarkable communicative powers, layers of meaning were thus developed and incorporated into the work. “Enchanting magic of sound” (Die Zeit) / “Spectacular und breath-takingly precise, that’s how Thielemann illuminates the Wagner score.” (Neue Zürcher Zeitung) / “Velvety sound of unmatched beauty” (The Guardian)