 Cahier maudit ? Les Sonates que Vivaldi écrivit pour son instrument forment la part la moins courue de son œuvre. Il faut dire que leurs écritures pyrotechniques n’épargnent pas l’interprète, et les violonistes jouant sur instruments anciens les craignent plus que leurs glorieux ainés qui s’y risquèrent dans quelques florilèges de sonates baroque, Milstein, Martzy, Morini gravèrent au moins la plus célèbre d’entre elle, celle en ré majeur, mais la jouait comme à rebours, la voyant depuis le Trille du Diable de Tartini. J’attendais que Guiliano Carmignola s’y risque enfin, mais non, ce sera son élève, Isabella Bison, qui s’y engage, enrageant les rythmes, dansant les mélodies, emportant tout dans une furia que son stupéfiant Nicola Gagliano assure avec des feux certains. La fête est partout ici, Francesco Corti emmenant preste un continuo où l’alto de Stefano Marcocchi et le violoncelle de Marco Frezzato mettent des couleurs supplémentaires et parfois amplifient l’émotion (comme dans l’Adagio du Concerto où le violoncelle et le violon s’entrelacent). Aux cinq Sonates s’ajoutent des inédits, un beau Concerto, le Largo d’un autre, et un admirable Grave où se déploie une mélodie lagunaire infinie, merveille qui prouve que la malle aux trésors vivaldienne resserre encore bien des gemmes oubliés. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Les célèbres concertos pour violon et orchestre ont quelque peu occulté tout un pan des compositions vivaldiennes : celui de ses sonates pour violon et continuo. Pourtant ces dernières non seulement sont nombreuses (80 !) mais également d’un réel intérêt. Cette publication vient donc à point nommé. La bolognaise Isabella Bison, élève de Giuliano Carmignola, s’investit à fond dans cet enregistrement de six sonates de Vivaldi : son jeu, tantôt brillantissime (dans les mouvements vifs), tantôt expressif (dans les mouvements lents) leur convient à merveille. Quant à ses collègues musiciens à cordes ou à clavier, ils sont loin d’être de simples « accompagnateurs » placides. Comme l’écrit le musicologue Olivier Fourés, dans le texte de présentation : « il s’agit d’une démarche d’émancipation au travers de la prise de conscience de la richesse des traditions musicales (danses, description sonore, théâtre, récitatif, exotisme, caprice, etc.) » sans laquelle on passerait à côté de la variété et de la richesse de ces œuvres. « Vivaldi n’hésite pas d’ailleurs à traiter de couillons [= rien que ça !] ceux qui les ignorent ! » Par delà cette affirmation un peu outrancière du compositeur lui-même, reconnaissons qu’il eût été dommage de passer à côté de cette interprétation « habitée ». (Jean-Paul Lécot)

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