 Sans doute avec un Torelli, Corelli fut le cador du concerto grosso, si emblématiquement baroque, opposant un pluriel de solistes à un orchestre aux doublures parfois épaisses. De ce compositeur peu prodigue, le présent dernier opus (mais soigneusement poli pendant vingt ou trente ans, on en a les traces) ne connut qu'une publication posthume. Vivaldi installait déjà, lui, l'archétypal concerto vénitien en trois mouvements, deux rapides et un central à la lenteur lyrique opératique (L'estro armonico, La Stravaganza), tradition dont relève aussi Albinoni. Ici, les mouvements se multiplient encore et sont désignés par leur tempo, même si souvent de type dansé (ce qui apparaît toutefois explicitement pour les derniers). L'opus 6 comporte deux tiers de concertos d'église (da chiesa, pour grandes cérémonies religieuses, voire politiques) puis un tiers de concertos de chambre (da camera, pour circonstances moins solennelles). Avec un groupe (concertino) de trois solistes opposé à un orchestre (ripieno) pouvant aller d'une trentaine de participants... jusqu'à ces cent cinquante que dirigea Corelli en personne devant la fameuse reine Christine (de Suède) ! Ces concertos, parmi lesquels le 8ème (destiné à la nuit de Noël) et sa renommée pastorale finale, sont donc à mettre en miroir, hors tradition vénitienne, avec les sonates en trio du même, dans la lignée d'un Stradella et de l'école bolognaise. Mais attention : malgré l'amour fou de Corelli pour le violon soliste, et sur l'exemple à l'époque du transcripteur Schickardt préférant déjà à celui-ci la flûte à bec (recorder), on a affaire ici à de nouvelles versions avec deux flûtes traversières modernes. Nous n'y entendons pas ardente nécessité, surtout dans cette interprétation un tantinet égalisante, peu allante, guère accentuée. Comme si à la fin, dans cet ''il est tard, Gilles'' de notre épouse préférée, il y avait soudain léthargie. (Gilles-Daniel Percet)  The Opus number VI presents itself as the «quintessenza di una ben altrimenti fl uida e ricca prassi orchestrale» («gist of a both fl uent and rich orchestral praxis»). On the wave of the trascriptions of opus VI, in this Album we employed wind instruments in addition to the strings. This choice is a fi lological one seeing that, after years of research it has been proved that in the Corellian orchestras there was a signifi cant presence of wind instruments. In our version the original tonalities have been maintained (which does not often happen in other transcriptions) and the original parts of the two solo violins have been assigned to two transverse fl utes as it happened in the fi rst decades of the XVIII Century.
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