 Andrej Hoteev revisite les versions originales des classiques du piano russe romantique. Hier, il délivrait une interprétation saisissante du premier jet des Tableaux d’une exposition, cette fois il jette son dévolu sur les états princeps de tout ce que Tchaikovski a composé pour le piano et l’orchestre. On sait les débats que suscita entre le compositeur et Vassily Sapelnikov la genèse du Premier Concerto. Andrej Hootev, dans le grand son qui y est sa signature (il est un pur produit de la prestigieuse école Saint-Pétersbourgeoise, élève de Lev Naoumov) révèle la version non expurgée du finale, évidemment passionnant. Mais le point fort de cet album qui propose également les rares Ungarische Zigeunerweisen (d’après Medtner et Liszt), l’Allegro en ut mineur, la Fantaisie de concert, la version longue du Troisième Concerto (avec l’orchestration de Taneiev pour les deux derniers mouvements) reste la version intégrale du Deuxième Concerto, le chef d’œuvre du genre dans la catalogue de Tchaikovski, dont Andrej Hoteev enflamme l’appassionato inextinguible des mouvements extrêmes, trouvant dans le bref (et génial ) Andante, des couleurs, une émotion, qui font mouche. Magnifiquement accompagné par Vladimir Fedosseyev et son orchestre, ces trois disques constituent un ajout majeur à la discographie de l’auteur de La Dame de Pique. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Cette parution est la réédition d’un coffret paru à la fin des années 90 pour le label Koch Schwann. Le Concerto pour piano n° 1 est un « tube » du répertoire romantique russe qui a occulté le reste de l’œuvre concertante pour piano de Tchaikovski. En effet, c’est oublier deux autres concertos (le troisième fut en partie orchestré par Taneiev), mais aussi la Fantaisie de concert op. 56, un Allegro de 1864, les Mélodies tziganes de Sophie Menter et Franz Liszt orchestrés par Tchaikovski. Andrei Hoteev avait déjà gravé une version du Concerto n° 3 sous la direction de Rawil Martynov, en se référant aux sources manuscrites. L'Andante nous semble être la partie la plus intéressante de l’œuvre, musique intimiste et d’une grande beauté mélodique. Le Concerto n° 2 est interprété dans sa version intégrale ce qui est rare, bien des pianistes coupant dans la partition. Il est vrai que le premier mouvement fait à lui seul près d’une demi-heure ! L’œuvre ne connut jamais le succès du Concerto n° 1, cet échec relatif étant imputé au déséquilibre des mouvements. Hoteev joue avec une passion contenue, déployant toute la technique pianistique dans la prodigieuse cadence du premier mouvement. Belle prestation aussi des deux solistes de l’orchestre (violon et violoncelle) dans le second mouvement. Le rare Allegro pour piano et cordes d’après le manuscrit de Tchaikovski est une pièce un peu poussive contrairement à la Fantaisie de concert avec sa gigantesque cadence. On apprécie le jeu puissant d’Hoteev et l’accompagnement lyrique de l’orchestre. Mention pour le violoncelle dans le second mouvement. Le Concerto n° 1 repose sur la version intégrale du finale daté de 1875. La lecture manque passablement d’élan et de précision. Enfin, les mélodies tziganes originellement de Liszt et de son élève Sophie Menter furent “recomposées“ par Tchaikovski en 1892. Il évita heureusement le côté “kitch” des partitions. Hoteev accentue les contrastes, l’orchestre offrant des couleurs percussives à ces pages sans arrière-pensées. A noter que l’éditeur a ajouté en bonus (1’25’’) la voix de Tchaikovski parlant et chantant en russe. Il s’exprime, en 1890, devant les cylindres Edison-Wax. Emouvant. (Jean Dandrésy)

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