Stanislaw Moniuszko (1819-1872)
Beata (Blind), opérette en 1 acte

Katarzyn Oles-Blacha (Beata)
Lukasz Zaleski (Max)
Janusz Ratajczak (Hans)
Paula Maciolek (Dorota)
Wanda Franek (Urszula)
Monika Korybalska (Agata)
Mariusz Godlewski (Sir Henryk Volsey)
Wojtek Smilek (Sir Artur Pepperton)
Adam Szerszen (Maurycy)
Choeur & Orchestre de l'Opéra de Cracovie
Tomasz Tokarczyk, direction

Beata parue sur la scène du Théâtre Wielki le 2 février 1872, fut peu goutée, disparue après une dizaine de représentations. Quatre mois plus tard Moniuszko mourrait, les parties d’orchestres et le conducteur furent remisés dans les archives du théâtre qui brulèrent durant la seconde guerre mondiale. Finalement un chant piano émergea, l’Opéra de Varsovie en proposa en 1972 une reconstitution un peu hasardeuse où s’aggloméraient des fragments d’autres partitions, nouveau tombeau pour une œuvre maudite. Mais l’approche du bicentenaire de la naissance du compositeur vit en concert une nouvelle restitution qui enfin permettait de se faire une idée juste de cette œuvre délicieuse, fruit de la veine légère chère au compositeur qui malgré ses succès dans le grand opéra romantique ne l’abandonna jamais. C’est cette soirée (où les protagonistes arboraient des costumes de l’époque de l’action, en Suisse au début du XIX Siècle), réunissant une jolie distribution que Dux publie a tempo. L’argument ne manque pas de sel, qui brode autour du thème de l’aveuglement consenti ou volontaire, entre Beata qui par crainte de se voir défigurée par la maladie refuse de se regarder dans un miroir et son amoureux Max qui prévenu de ses angoisses annonce qu’il revient de la guerre aveugle, la musique brossée d’une main légère est souvent merveilleuse et culmine dans des ensembles pétillants (les nombreux trios, le septuor avec chœur) et aligne les airs de bravoure (la Polonaise de Vosley, l’Arietta de Beata avant la coda du finale). Très jolie soirée, où brille la Beata un peu trop légère de Katarzyna Oles-Blacha, mais son Max (Lukasz Zaleski), le Maurycy d’Adam Szerszen, les deux anglais (Mariusz Godlewski et Wojtek Smilek) remboursent par leurs formidables présences, également d’un orchestre modeste. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Stanislaw Moniuszko est le compositeur lyrique polonais le plus important du XIXème siècle (Alain Pâris). Ses ouvrages scéniques font partie du patrimoine musical national. Après la création de son opéra le plus célèbre Halka (1858), Moniuszko est nommé directeur de l'opéra de Varsovie. Suivra la composition en 1865 de l'emblématique « Manoir Hanté » qui dépassa largement les frontières. Moniuszko se consacra presque exclusivement à la musique vocale. Son style concilie ingénieusement l'héritage du romantisme allemand (Weber)), du vérisme italien (en filigrane) et des sources folkloriques et populaires slaves sans oublier l'opéra français (Meyerbeer). Parmi ses nombreuses œuvres scéniques on compte aussi une dizaine d'opérettes dont cette Béata, enregistrée ici en concert à Cracovie en 2018. Même si le compositeur ne s'est guère surpassé dans l'écriture de son ultime opérette (1871) handicapé par un livret d'une incohérence rédhibitoire, l’œuvre est séduisante et reste le témoignage d'un solide métier de faiseur. Ajoutons à l’intérêt de cette parution inédite, l'enthousiasme des interprètes, l'orchestre et le chœur de l'opéra de Cracovie et des chanteurs tous polonais, vertu que seul l'exception du spectacle vivant peut procurer. Aussi rare que réjouissant. (Jérôme Angouillant)

The operatic output of Stanislaw Moniuszko is most often associated with national themes and numerous references to patriotism and propagation of patterns related to the Polish culture. It turns out, however, that the composer’s main goal was not always to promote the native tradition. Beata, the last, one-act opera by Stanislaw Moniuszko, is a less emotionally complex composition than for example The Haunted Manor. During the life of the composer the work was not approved by the Polish audience, expecting from the composer rather works to cheer people’s hearts than a vaudeville. The action of this comic opera is based on numerous intrigues and love affairs of the main character, Beata. This album in a sense shows us the operatic output of Stanislaw Moniuszko from a different, not so obvious, perspective. The present recording is connected with the restoration to the life of this forgotten, as a result of World War II, work by the Kraków Opera. The reconstruction of the score destroyed in the ruins of the Warsaw Grand Theatre was performed by Krzysztof Baculewski on the basis of the piano reduction.