 1915 : date mémorable dans l’histoire de la littérature du violoncelle. La Sonate opus 8 de Kodály et les Trois Suites de Reger. Deux esthétiques différentes mais qui mettent à l’épreuve de manière similaire la technique et la musicalité des virtuoses qui s’y risquent. Il faudra attendre 1965-1974 pour que Britten dédie également trois Suites à Rostropovitch. Écrites pour trois virtuoses appréciés du compositeur, Julius Klengel, Hugo Becker et Paul Grümmer, et composées par un Reger convalescent privé de piano dans sa chambre de clinique, ces trois Suites ne reproduisent pas le modèle Baroque dont elles s’inspirent. La première et la troisième sont en trois mouvements (Prélude, Adagio, Fugue / Prélude, Scherzo, Andante con variazoni), la seconde en quatre (Prélude, Gavotte, Largo, Gigue). Mais toutes font des allusions précises à Bach et recourent à des chromatismes typiques du romantisme tardif ainsi qu’aux troisièmes et sixièmes positions de la main gauche, mettant particulièrement en valeur les timbres du violoncelle. On ne dénombre pas moins de dix enregistrements de cet ensemble par des interprètes de la qualité de Peter Wispelwey, Alban Gerhardt, etc. Aujourd’hui Christian Erben, violoncelliste solo depuis près de 40 ans du Gewandhaus de Leipzig, et sans lien de parenté avec Valentin Erben, fondateur du quatuor Alban-Berg, nous propose son interprétation chaleureusement mûrie de ces joyaux de l’instrument. Beauté de l’intonation, plénitude des sonorités boisées de l’instrument, compréhension supérieure de la polyphonie et du contrepoint de ces danses, voilà un enregistrement qui, indéniablement, fera date et aidera à mieux comprendre et apprécier le génie caricaturé d’un Reger alcoolique et amphigourique. "Fils de Brahms et petit-fils de Bach", Reger eut effectivement au XXe siècle un rôle essentiel de passeur entre l’ascendance de Brahms et sa propre descendance perceptible chez Hindemith ou Hartmann. Cinq étoiles ! (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  On his new GENUIN album, cellist Christian Erben, a member of the renowned Gewandhaus Orchestra, presents one of the most intriguing oeuvres for his instrument from the 20th century: Max Reger's three suites for solo cello. Baroque grandeur and intellectual depth, late-Romantic harmony, and masterful counterpoint: no one had explored the soloistic possibilities of perhaps the most human of all instruments as comprehensively since Johann Sebastian Bach as Max Reger did. Christian Erben delves into the immense suites down to the finest detail and brings their tonal intricacies to light!
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