 Au tournant des années 1980, on découvrait la Sonate que Ravel, tout jeune homme – vingt et un ans – avait composée encore dans des nuances fauréennes, mais où déjà son sens de la ligne, son lyrisme pudique trouvaient naturellement les chemins expressifs du violon. C’est la vraie merveille de cet album tout Ravel venu en 1984 de Munich où Dmitry Sitkovetsky retrouvait sa mère Bella Davidovich pour le plus subtil alliage chambriste. Leur Sonate posthume est un bijou qui vaudrait à lui seul de connaitre ce disque, mais leur Tzigane si tenu, si grand style, avec pour le fils une virtuosité invisible et pour la mère non plus un piano mais un orchestre le commande également. Et la Sonate des années vingt, longtemps la seule que le disque connu ? L’Allegretto musardant, d’une fantaisie effleurée, est une merveille d’accord, de poésie, le "Perpetuum mobile" un incendie, mais leur Blues n’est pas blues du tout, et sonne comme intimidé, seul petit bémol d’un disque où Fauré, et sa nostalgie, auront le dernier mot avec la Berceuse dont Ravel fit pour son maitre le plus lyrique mais surtout le plus pudique des hommages. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Grâce et élégance caractérisent la première sonate pour violon et piano (1897) "posthume" car publiée en 1975. En un seul mouvement, le lyrisme raffiné du violon et la délicatesse des harmonies comme de l’écriture pianistique exercent leur charme à la française rappelant notamment Fauré dont Ravel était l’élève. La tendre Berceuse (1922) clôturant ce programme est d'ailleurs un hommage à son illustre professeur. Tzigane (1924) et la Sonate (1927) sont les compositions les plus emblématiques de l’œuvre pour violon et piano de Ravel. Il composa la première suite à sa rencontre avec la violoniste hongroise Jelly d’Aranyi qui lui joua des mélodies tziganes. Le caractère intense et la virtuosité exacerbée de l'œuvre fascinent. Dans la sonate, les ambiances se succèdent avec finesse. La mélancolie du premier mouvement annonce le "blues" stylisé du deuxième mouvement évoquant un jazz naissant auquel Ravel s'intéressait. Le bouillonnant "perpetuum mobile" termine l’œuvre de manière envoûtante. Dans cet enregistrement de 1984, la belle prise de son et les interprètes à la musicalité exemplaire servent à merveille ces œuvres exigeantes. (Laurent Mineau)

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