Dora Pejacevic (1885-1923)
Quintette pour piano en si mineur, op. 40
Quatuor à cordes en do majeur, op. 58
Quatuor pour piano et cordes en ré mineur, op. 25
Impromptu, pour violon, alto, violoncelle et piano, op. 9b

Oliver Triendl (piano)
Quatuor Sine Nomine

Patrick Genet, violon
François Gottraux, violon
Hans Egidi, alto
Marc Jaermann, violoncelle

Le balancement un peu barcarolle, un merveilleux 6/4, berce la rêverie aux teintes fauréennes du second mouvement du Quintette pour piano et cordes. Comme toujours chez Dora Pejacevic, le lyrisme se teinte d’une mélancolie, l’harmonie va se diaprer, la fusion entre les cordes et le clavier créant un halo sonore. Heureusement, le temps de la reconnaissance de cette figure majeure de la musique balkanique du début du XXe siècle est venu. Comment ne pas entendre dans cette écriture qui semble à l’exacte confluence entre Paris et Vienne, l’un des sommets du post-romantisme ? Amoroso et tempétueux dès sa première page, le Quatuor avec piano (1908) proclame une émancipation par les saturations harmoniques, l’intranquilité rythmique, le caractère parfois fantasque. Ce nouvel univers sonore sera entre deux mondes, ce que le Quintette affirmera, et plus encore ce chef-d’œuvre qu’est le Quatuor à cordes de 1922. Elle n’entendra jamais la folle densité de son écriture, disparaissant quelques mois avant la création. L’œuvre saisit par son lyrisme tortueux, son ton ténébreux qui n’est pas si loin de celui des premiers opus d’un Zemlinsky. Conscient de l’extrême qualité de ces trois opus, Oliver Triendl et les Sine Nomine les interprètes avec un soin extrême, en délivrant la poésie comme les audaces. Ils ajoutent en coda, le bref Impromptu op. 9, encore si loin des fulgurances de la maturité, mais déjà si émouvant. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)