Serge Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano n° 6 en la majeur, op. 82
Sonate pour piano n° 7 en si bémol majeur, op. 83
Sonate pour piano n° 8 en si bémol majeur, op. 84

Sviatoslav Richter, piano

Archives et quelles archives que ces témoignages de Richter ! Les trois sonates dites "de guerre" (n° 6 à 8) furent captées entre 1956 et 1961 pour les labels Parnassus, Melodiya et Deutsche Grammophon. Le jeu impulsif, mais aussi incroyablement poétique, engagé physiquement du pianiste russe fait merveille dans ces œuvres. En effet, elles sont inconcevables sans les évènements tragiques qui les ont vu naître. "Musique sales que l’on peut jouer salement à condition de respecter très exactement ce qui est écrit !" affirment bien des interprètes russes. C’est exactement ce que nous entendons dans ces pianos joués qui sont d’abord des instruments à percussions et des témoignages vivants de la barbarie humaine. Richter racle le clavier, il en expurge toute l’énergie avec une virtuosité proprement hallucinante. Bien que le finale Precipitato de la Sonate n° 7 ne soit pas le plus rapide de la discographie, il en est l’un des plus brutaux, cruels et monstrueux. Richter joue véritablement sa vie dans ces pages qui culminent dans les mouvements conclusifs, messages de détresse ou de faux espoir, c’est selon… (Jean Dandrésy)