Retrouvant son cher Kroesbergen d’après Ruckers , les micros de Filippo Lanteri l’enregistrant dans son salon de musique, Ton Koopman sera revenu dans la réclusion de la pandémie et sous la surveillance amoureuse de son épouse, Tini Mathot, à son cher Haendel. Après tout, les Suites manquaient à sa discographie, il en aura choisi cinq, les jouant sans façon pour ce qu’elles sont, d’abord des œuvres de pur plaisir et conçu plutôt pour l’usage domestique, ce qui correspond au propos de l’album, que pour le concert. Sans barguigner, il les tire vers la musique française même lorsque l’écriture à plusieurs voix fait hommage à Bach (le Prélude de la Cinquième Suite), leur donne un ton de pure fantaisie, les joue en poète, avec un art du récit, un sens des détails savoureux qui suffisent à expliquer rétrospectivement le succès que les impressions de ces œuvres rencontrèrent auprès des connaisseurs et des amateurs. L’intimité heureuse de ce disque laisse espérer que les autres Suites suivront. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) C’est presque contraint et forcé que Haendel fît paraître, en 1720 un recueil de 8 suites pour clavecin : « Je me suis trouvé dans l'obligation de [les] publier en raison des copies incorrectes qui en ont été faites à l'étranger, à mon insu », signalait-il dans sa préface. C’est, dans sa production pour clavier seul, foisonnante et souvent non datée l’unique recueil constitué sous son entier contrôle : les autres (1733, 1735 et 1758) sont des compilations constituées par son éditeur. L’œuvre pour clavecin de Haendel « reste un château dont nous ne connaîtrions que les plans et les dessins préparatoires […] Aux interprètes et à notre imagination de nous restituer le monument dans toute sa splendeur écrit J-F. Labie. C’est à K. Gilbert que l’on doit en grande partie la connaissance que nous avons acquise de ces suites, tandis que G. Leonhardt qui détestait Haendel contribua à détourner d’elles de nombreux clavecinistes. Pourtant, c’est à deux anciens élèves du maître néerlandais que l’on doit les derniers enregistrements d’une partie de ces pièces. Après le splendide CD de P. Hantaï (2020) contenant les 3 premières, et l’album Haendel-Scarlatti comportant la 5e (2021), paraissent à présent les suites 2, 3, 5, 7, 8 jouées par T. Koopman. La lecture claire, réfléchie et admirablement variée de P. Hantaï met en valeur avec un bonheur et un naturel stupéfiant le lyrisme et l’art de la mélodie qui caractérisent Haendel. Le tout, porté par un élan irrésistible, sur un instrument aux sonorités épanouies. Koopman joue la carte de l’intimité (la prise de son a été faite chez lui, sur son propre clavecin, de près). S’il se montre, à juste titre, particulièrement sensible aux rythmes, à l’ornementation, cette intimité s’exprime chez lui comme en surface, sans procéder, au fond, d’un jaillissement : le détail est piquant, parfois curieux, saisissant, mais trop détaché de l’ensemble : effet d’une spontanéité primesautière, il paraît insuffisamment porté par un flux à la fois permanent et toujours renaissant, s’affirmant au travers d’une architecture souple et subtile, comme c’est le cas chez Hantaï. L’écoute comparative des allegros de la 2e suite, et du presto de la 3e ( issu d’un concerto pour orgue) est, par exemple significative à cet égard : Koopman, trop sage, déplie trop, même s’il sait briller, alors que le jeu d’Hantaï a l’éclat, le rebond, les reflets et la verve du vif-argent. (Bertrand Abraham) George Frideric Handel made a name for himself as a brilliant organist and harpsichordist early on in his career. As a young man, he travelled from Germany to Italy in 1707. We do not know exactly how much or what Handel composed for harpsichord while in Italy, but we know more starting from the time he settled in England. Handel composed all sorts of works for harpsichord in England, In November 1720, he published the Suites de Pieces pour le Clavecin, now known as the Eight Great Suites, his most important work for harpsichord. The spectacular Eight Great Suites show Handel the harpsichordist at his best. The suites are made up not only of newly composed movements, but also of improved versions of pieces he had written before and of harpsichord arrangements of his own compositions for other instruments. One theme central to interpreting Handel’s works for harpsichord (and the rest of his œuvre, for that matter) is what to do with the dotted rhythms. In Handel’s music, we regularly see a theme appearing in different rhythmic variants – sometimes dotted, sometimes not, or only partially, dotted. The question, therefore, is whether to perform these rhythms uniformly throughout the piece or to play them as they were written out in each instance by the composer. I have in large part chosen the latter.
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